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Jean Claude Bernheim est criminologue, il enseigne à l'université de St Boniface. Auteur de nombreux ouvrages en criminologie, dont le classique Criminologie, idées et théories, il a enseigné à l’Université d’Ottawa et à l’Université de Montréal.
«Mais à quoi servent les prisons ?»: quelques pistes...
Le projet de loi C-10 ratisse large, criminalisation des adolescents, augmentation des peines de prisons, diminution de la latitude des juges dans l'attribution des peines, augmentation du prix des demandes de pardon ect. Alors que le Globe & Mail publiait en janvier 2012 un sondage estimantque 91% des canadiens se sentent en sécurité et que les indices de criminalité sont en constante baisse, on nous parle du droit des victimes à la justice comme si c'était synonyme de punition des coupables.
La punition la plus sévère aux coupables de la perte d'un proche est-elle un droit ? Une question éthique sans doute complexe mais que nous pourrions aborder sous un angle stratégique. Le but principale de la judiciarisation est la non-répétition d'un crime. Il conviendra alors de se demander si après l'enfermement d'un individu reconnue coupable d'un délit sexuel ou d'un crime violent celui-ci sera moins dangereux lors de sa sortie ?
Par ailleurs cette rhétorique punitive est basée sur un mythe, la majorité des personnes détenues au Canada ne le sont pas pour des crimes dits violents contrairement à ce que l'on pourrait croire.
Les voies de faits graves incluant blessure et les tentatives d'homicides représentent environ 19 % des crimes pour les États-Unis, 11 % pour le Canada et environ 15 % pour l’Angleterre et le pays de Galles.
Les vols en tout genre constituent quant à eux 79% des crimes aux États Unis, 89 % au Canada, 85 % en Angleterre . Avec 5 à 9 % de vol qualifié, 40 à 60 % de cambriolage et 20 à 30% de vol de voiture.
Puisque peu de gens en veston-cravate passe par la case prison pour vol, on peut facilement en déduire que la majorité des crimes, loin d'être l'œuvre de dangereux sociopathes, est due à une répartition inégale des richesses dans la société.
Quelques bribes sur la notion de crimes:
La criminalisation est essentiellement le processus qui fait passer un acte, un groupe social ou un mouvement politique de la légalité à l'illégalité. Ce processus est mis en place par divers mécanismes, tant au niveau du cadre législatif qui régit la définition de l'illégalité, que sur le plan de l'appareil de contrôle et de répression mis en place par l'État, et sur la représentation de ces mécanismes dans la sphère publique, notamment les médias.
Voir aussi :
Marie Beemans, bénévole auprès des détenu-e-s à Montréal depuis une trentaine d'année :
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