Mardi 23 octobre 2012.
22h48, ce lundi 22 octobre 2012, une douzaine de militantEs du CSA ont assisté en direct sur le Web à l'adoption à l'unanimité de l'accord de développement sur les terrains du CN par les membres du conseil de ville de Montréal! Une fois n'est pas coutume: il a bien fallu écouter les éluEs jouer du violon pour dire comment tout le monde a travaillé fort pour arriver à ce résultat.
Qu'à cela ne tienne: en bref, disons que le Centre Social Autogéré vient de mettre la main sur un espace où il va pouvoir réaliser les projets qu'il met de l'avant depuis 2007. En clair, et le mot n'est pas trop fort, le CSA et ses alliéEs communautaires viennent d'arracher gratuitement un bâtiment à un gros capitaliste immobilier! Exceptionnel et probablement unique dans l'histoire militante du Québec.
En septembre 2009, lorsque les militantes et les militants du CSA ont adopté une nouvelle stratégie pour obtenir un lieu permanent, c'était en sachant que cela allait prendre du temps, qu'il y avait des risques assez importants de démobilisation des « troupes ». À certains moments, quelques-unEs n'y croyaient plus ! Des doutes et des hésitations sont apparus et se sont même parfois installés.
Mais l'histoire de la lutte nous dit aujourd'hui que nous avons assez bien évalué l'ensemble des enjeux tout le long des ces 3 ans et 8 mois parcourus entre la première revendication (ce bâtiment doit revenir à la communauté) et le résultat (un bâtiment gratuit + 1 million$ + décontamination du site). Il y a eu des blocages, des rebondissements, des attentes plus ou moins pénibles, des tergiversations bureaucratiques dans toutes ces négociations. Mais au total, comptons que l'énergie militante déployée par le CSA, soutenue par des dizaines de sympathisantEs, est loin d'être étrangère au résultat. Sans fausse modestie, le rôle du CSA fut un élément crucial, ressenti directement ou symboliquement, parmi les différents acteurs du milieu communautaire, du pouvoir politique et administratif, de la police et certainement chez le propriétaire des terrains, Vincent Chiara.
Même si les éluEs que nous avons entenduEs hier soir ont tous et toutes cherché à plus ou moins nier la présence et la persistance des rapports de forces politiques qui se sont exprimés tout au long de cette bataille, principalement entre un propriétaire privé et un milieu militant anti-capitaliste et anti-autoritaire, le CSA ne s'en formalise pas. Tous ces éluEs ont beau souhaiter que ce projet de redéveloppement des terrains du CN s'inscrive dans le courant ultra-néolibéral qui développe le quartier voisin de Griffintown ou tous ces autres coins de l'urbanisme spectacle, la dynamique que nous avons jusqu'ici créée avec nos alliés communautaires n'est pas celle-là.
Relançons un de nos slogans que l'on trouve encore trônant sur quelques poteaux du quartier : "Faisons-nous une fleur!" Poussons cette idée le plus loin, dès maintenant! Nous entrons à partir d'aujourd'hui dans une nouvelle aventure d'appropriation de l'espace. Un espace intérieur qu'il nous faudra aménager bien sûr, mais aussi un espace tout autour où nous pourrions lancer un "Faisons-nous un jardin!", dans la perspective de "Faisons-nous un quartier, une vie, un monde!".
À partir du brouhaha de ce lundi soir, le CSA relance la planification de ses différents projets et de la rentrée dans le bâtiment dans quelques mois. Nous vous invitons à nous suivre et à vous impliquer dans cette nouvelle aventure, qui sera sans doute ponctuée de va-et-vient, de discussions, de coordination sur
À
le terrain, de surprises probablement. Le concret est là, devant nous. Le CSA aura besoin de grandir en nombre.
Restez à l'écoute: d'ici quelque temps, on vous sollicitera, avec vos désirs, vos énergies et vos compétences particulières, pour vivre l'appropriation d'un espace autogéré!
Les militantes et les militants du CSA
"Ceux qui se sont sagement limités à ce qui leur paraissait possible n'ont jamais avancé d'un seul pas."
- Michel Bakounine