Les rues de Bogota ne désemplissent pas depuis lundi 9 décembre lorsque pour la deuxième fois de l’histoire colombienne, un maire de la capitale Bogota a été destitué de ses fonctions par un organe politique de l'État. La dernière fois, c’était en 1937, lorsque le leader politique Gaitan avait été destitué avant d’être assassiné 10 ans plus tard. Son assassinat fut le coup d'envoi de la Violencia, période à l'origine des décennies de guerre qui se poursuivent à ce jour .
Alors même que le gouvernement colombien négocie à la Havane les possibilités de participation politique des membres de la guérilla des FARC, Gustavo Petro, lui-même ancien membre du M-19 (Mouvement du 19 avril), une autre organisation de guérilla colombienne, dissoute en 1990, vient d’être destitué pour avoir retiré le ramassage des ordures de la gestion privée. Il est accusé d'avoir nui aux principes constitutionnels de libre entreprise et de concurrence. En Colombie, l’opposition politique est confrontée systématiquement à des violences physiques ou juridiques, ce qui explique l’apparition de mouvements de guérillas dans le pays.
Le procureur Général, instance juridique colombienne chargé de veiller au respect des droits humains, de l’intérêt public et du respect de la Constitution, a pour la première fois de son histoire émis un jugement destituant le maire parce que du 18 au 20 décembre 2012, lors de la transition au nouveau système publique il n'y a pas eut de ramassage ; les entreprises privées avaient renoncé au ramassage des ordures avec trois jours d'avance pour discréditer le nouveau système .
En plus de le destituer, le procureur qui est lui-même impliqué dans 17 processus judiciaires à son encontre a signé sa mort politique puisque Gustavo Petro ne pourra se présenter à aucun poste de représentation pendant 15 ans.
Un sort similaire a touché l'ex-Sénatrice Piedad Cordoba ; l'ensemble de la gauche colombienne s'est prononcée pour dénoncer ce geste politique qui prouve une fois de plus que l’État colombien n'est pas en mesure de garantir les droits de l'opposition de participer à la scène électorale et institutionnelle.
Des mobilisations sont prévues tous les jours, des milliers de personnes occupent la Place Bolivar au pied de la Mairie au son des slogans “Petro ne s'en va pas “ et “destituons le Procureur”.