Appel à la solidarité avec Ivonne Hernandez Segura -- Vigile d’urgence
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Montréal, le 23 janvier 2014 - Ivonne Angelina Hernandez Segura, une survivante de violence conjugale qui est sans statut au Canada depuis un an et demi, a été arrêtée hier vers 16h lors d'une intervention planifiée impliquant la police et les autorités frontalières. L'embuscade a eu lieu dans un endroit public, soit la station de métro Berri-UQAM. Mme Hernandez Segura a été arrêtée alors qu'elle s'apprêtait à aller chercher son fils de 1 an, Vincenzo, qui était avec son ex-conjoint.
Mme Hernandez Segura fait maintenant face à la déportation. Si elle est déportée, elle sera séparé de son fils, peut-être pour toujours. Elle est présentement détenue au Centre de prévention de l'Immigration de Laval. Elle subira une audience de révision de détention demain à 13h15 devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié (CISR) au 200, Réné Levesque ouest. Un manif d'appui aura lieu à 12h30 devant les bureaux de la CISR.
Le 11 décembre 2013, Mme Hernandez Segura a fui son domicile avec son fils et a pris refuge dans un centre d'hébergement pour femmes survivantes de la violence conjugale. Son ex-conjoint l'a alors promptement dénoncée auprès des autorités.
Dans un jugement honteux rendu le 10 janvier dernier, un juge a accordé la garde de Vincenzo au père, apparament en citant le statut d'immigration précaire de Mme Hernandez Segura et malgré que sa mère se soit occupé de son bébé à temps plein depuis sa naissance. Mme Hernandez a obtenu la permission de voir son fils 6 heures par semaine.
Mme Hernandez Segura est arrivée au Canada en juillet 2009 et a déposé une demande d'asile. En octobre 2011, sa demande d'asile a été rejetée et en juillet 2012 elle a reçu un ordre de renvoi. Plutôt que de retourner confronter le danger réel auquel elle fait face au Mexique, elle a décidé de joindre les rangs du quelque demi-million de gens qui vivent sans papiers au Canada et qui constituent l'un des groupes les plus vulnérables et les plus exploités de notre société.
“Médecins du Monde a suivi Mme Hernandez Seguera pendant sa grossesse et après l’accouchement. Le personnel a détecté depuis plusieurs mois des signes pouvant laisser croire qu’elle était victime de violence conjugale. La menace de déportation met gravement en péril le lien mère-enfant, primordial dans le développement de celui-ci. Médecins du Monde est convaincu que la mère et l’enfant ne doivent pas être séparés pour leur bien être physique et mental, en particulier celui de l’enfant. » affirme Marie-Munoz médecin bénévole de la Clinique Migrants de Médecins du Monde Canada. Le Canada a une obligation en vertu du droit international de prioriser l'intérêt supérieur de l'enfant, y compris dans ses politiques migratoires.
"Elle m'a parlé d'un climat de violence psychologique, de menaces à son intégrité physique, et m'a mentionné que son conjoint la menaçait régulièrement de la dénoncer aux agents d'immigration afin de la faire renvoyer au Mexique, » a affirmé Dre Marie-Michelle Bellon, son médecin traitant. «Sur la base de mes rencontre avec Mme Hernandez, il ne fait aucun doute pour moi qu'elle désirait avant tout prioriser l'épanouissement de son fils et jugeait que la tension à la maison était si insoutenable qu'elle nuisait au bien-être de son enfant. »
"Dans ce cas, une mère s'est vue retirer la garde de son fils - peut-être pour toujours - en raison de son statut migratoire", a déclaré Mary Foster, du groupe Solidarité sans frontières. ''Les éléments de ce dossiers sont scandaleux et révoltants. Ivonne ne devrait pas être en détention. Ivonne devrait avoir un statut au Canada. Ivonne devrait être protégée de situations de violence conjugale. Et, surtout, Ivonne, une mère dévouée et attentionnée, ne devrait pas être séparée de son fils".
"Je suis choqué - en tant qu'avocat spécialisé en droits humains et en tant que personne ayant des convictions sur les valeurs communes de ce pays - de voir l'Agence des services frontaliers du Canada aider un homme abusif à se débarrasser de sa conjointe. Cette situation me trouble profondément", a affirmé Stewart Istvanffy, l'avocat de Mme Hernandez Segura en matière d'immigration.
En vertu du système d'immigration au Canada, il n'y a que très peu de possibilités qu'une personne dans la situation de Mme Hernandez Segura (qui n'a ni argent ni contacts) puisse régulariser son statut. Bien que le Mexique ait l'un des taux de violence conjugale les plus élevés dans le monde et bien que le taux d'homicides y soit extrêmement élevé, le Canada a tout de même placé le Mexique sur une liste de ''pays sûrs'', des pays qui de l'opinion du gouvernement canadien sont en mesure de protéger leur population d'actes violents. Une requête a été déposée en novembre dernier pour demander de ré-ouvrir son dossier de demande de résidence permanente pour motifs humanitaires et on attend encore une réponse.
Toutefois, le Ministre de l'Immigration détient un pouvoir discrétionnaire et a l'obligation en vertu du droit international d'intervenir dans ce cas pour régulariser le statut de Mme Hernandez Segura.
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Contact:
Annie Lapalme, 514-606-7992
Solidarité sans frontières, 438 933 7654
Source:
Solidarity sans frontières
solidaritesansfrontieres@gmail.com
www.solidarityacrossborders.org/fr
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