Une coalition d'organisations sociales a annoncé qu'à partir du 30 mai, une centaine de blocages impliquant plus de 100 000 personnes paralyseront le pays, parmi les revendications; la terre, un moratoire minéro-énergétique, la santé, l'éducation. Pour les membres du Sommet agraire, ethnique et populaire, la paix qui se négocie en ce moment doit permettre d'attaquer les racines sociales et politiques du conflit et mener à une transformation du modèle économique en place.
Le président Santos s'entête à répéter, tant aux guérillas qu'aux mouvements sociaux, que le modèle n'est pas négociable. Les prochaines semaines seront donc une épreuve de force entre blocage, manifestation et forces publiques. Les forces de l'ordre ont déjà annoncé qu'elles interdiraient la mobilisation des secteurs ruraux par tous les moyens nécessaires. Près de 500 personnes se sont vu interdire d'aborder les bus qui les mèneraient au lieu de la mobilisation, certain.es ont donc entrepris de voyager plusieurs jours à pied pour s'y rendre.
Asael est un leader communautaire du département d'Arauca, l'une des régions qui se prépare à la grève générale qui sera déclenchée le 30 mai. Il fait partie du Mouvement politique social et populaire de la région Centro Oriente. Dans cette région, les secteurs jeunesse, syndicaux, communautaires, autochtones, afros et coopératifs se préparent à converger vers 11 points de blocage qui ralentiront, entre autres, l'exploitation pétrolière.
« Cela fait deux ans, depuis la dernière mobilisation, que nous négocions avec le gouvernement sans succès, nous devrons donc avoir recours aux actions directes comme moyens de pression » explique Asael.
« Le pays est aux mains des capitaux internationaux, en plus des ressources minéro-énergétiques c'est maintenant l'eau elle-même qui est en danger », selon Asael. En Arauca par exemple, l'industrie pétrolière est responsable des dévastations environnementales provoquant la sécheresse et la désertification en plus de participer à l'intensification du conflit armé.
Blocages de route et occupations d'institutions sont au programme pour les prochaines semaines, afin de ralentir l'économie.
« Plus de 70 % de la population du pays souffre les conséquences du modèle économique, les gens meurent littéralement aux portes des hôpitaux quand leurs assurances privées décident de faire de la santé une affaire juteuse. L'éducation primaire devrait être gratuite en Colombie, mais le système d'éducation sans le financement adéquat ne peut pas offrir les services, c'est un mensonge. Le prix des produits de base augmente sans cesse, cela devient insoutenable».
Les organisations qui lancent l'appel pensent passer un minimum de 10 jours sur les routes.