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J’informe à priori les lecteurs-trices que ce texte n’est pas une autre prévisible condamnation réactionnaire des assistés sociaux et des programmes gouvernmentaux dont ils-elles jouissent, mais plutôt de démontrer comment l’aide sociale est en soi une infrastructure d'esclavage servant à défendre l’ordre capitaliste dominant et sa société totalitaire, puis suggérer une voie pour s’en sortir, tout en se sortant de son système.
L’aide sociale et l’assurance-emploi devraient être perçus autant des contribuables que des bénéficiaires, comme des mesures de contrôle social d’un même ordre, servant à maintenir l’ordre établi et maintenir les niveaux de consommation au-delà de la production réelle de la société-usine. Il s’agit d’une mesure de guerre intérieure, qui n’est pas si éloignée de la guerre extérieure car la ligne entre aide sociale et enrôlement militaire n’est pas si difficile à franchir, et même tirée dans un sens convergent. L’assistance sociale permet de maintenir un coussin d’esclaves-consommateurs qui permet à l’économie fictive de continuer de rouler, et permet d’assurer une armée de réserve advenant une autre guerre majeure, qui ne serait qu’une extension de la guerre sociale actuelle, comme dans l’idée démontrée autant par Sun Tzu que par Clausewitz que la guerre conventionnelle n’est qu’une continuité, ou extension, de la politique de temps de paix de l’État. Mais dans un climat de guerre continuelle ou de paix durable (qui revient à la même chose), où une guerre mondiale est toujours aux portes mais jamais vraiment assumée, l’accroissement d’une telle armée (ou travailleurs) de réserve constitue en soi une promesse très rentable faite aux gros profiteurs de ce monde par nos gouvernements. Surtout au sein du plus grand empire militaire actuel, qui maintenant détient un des plus hauts taux de chômage des pays du Nord, et plus de 25% de la population mondiale de prisonniers.
Il ne s’agit donc pas de charité de dernier recours, de mesure servant à assurer la jouissance d’un minimum de conditions de vie, ni d’aide humanitaire. Cette perspective, qui a été sociologiquement démontrée, défait autant les vieux discours réactionnaires sortis des boules à mites, tout autant que la rhétorique d’une certaine Gauche réformiste qui ne cherche qu’à valoriser toujours plus l’encadrement étatique (et discrètement mercantile) de la vie des gens, en revendicant la défense de la relation propriétaire-locataire à travers son maintien dans des logements sociaux et la défense des bails, comme du maintient et de la maximisation de l’assistance sociale. Comme quand on jette aux poubelles le mythe de la démocratie au sens large, il est assez difficile de ne pas se rallier à une telle rhétorique sans se faire passer pour réactionnaire, méchant individualiste ou “néo-libéraliste” de Droite.
En tant que moi-même bénéficiaire de l’assistance sociale d’État, comme une personne pouvant être facilement considérée comme anarchiste (même si j’aime pas me prétendre comme tel), je suis pris-e dans un conflit intérieur qui est essentiellement schizophrénique.
D’une part, je veux maintenir mon recours à l’assistance sociale aussi lontemps que ce sera possible, car dans mon cas (comme dans le cas de tas de gens), c’est une bien meilleure option que d’avoir à me fendre en quatres pour quelques miettes de plus à travers le Travail salarié. Sans dire que de trouver du travail salarié, du moins sous sa forme spécialisée, représente un travail en soi, même une quantité repoussante de travail; ça représente des études, puis ensuite du “surtravail” servant à payer tous les tarifs imposés au travail lui-même (taxes, cotisations professionnelles et syndicales, frais de scolarité ou remboursement de prêts étudiants, assurances, frais reliés au mode de vie, incluant bien-sûr le sacro-saint Loyer).
La société, même si elle s’impose à nous comme le seul choix de vie (ou non-vie), n’est pas gratuite. Notre collaboration à la société a un coût, dans tous les sens du terme. Comme avec les frais de scolarité, tout comme de voter pour annuler une grève étudiante au profit des faux espoirs du spectacle de la démocratie, ce qui égale à retourner à l’eslavage, continuant de contribuer et travailler à la société, selon les conditions définies par ses autorités. On paie littéralement de nos vies à travailler pour la société.
Comme aussi on ne fait pas que “trouver une job”, il faut travailler, se prostituer pour l’avoir. Comme avec “l’amour” que ce soit en couple ou en famille, on doit travailler à se construire un statut pour l’avoir, par conséquent on aime et se marie plus à un statut social qu’à une personne, à une personne morale plutôt qu'une personne physique et vivante. C’est le capitalisme, en tant que reproduction des vieux mécanismes sous-jacents à l’ancien régime féodal, car le capitalisme libéral est né comme une alternative réformiste à ce système monopolistique. C’est la République où tout citoyen peut devenir propriétaire terrien et participer au Pouvoir de l’État, jusqu’à se faire la Police. Faire des profits, pour posséder plus. Car tout le monde veut devenir le roi/la reine, un jour, et avoir son fief, non?
Or si c’est possible de subsister sans avoir à subir toute cette pression sociale monumentale juste pour devenir un citoyen de l’empire, pourquoi ne pas le faire? D’être de la plèbe, c’est tentant pour le fait qu’on est moins un produit actif et productif du social que le travailleur professionnnel, au seul réel détriment de ne pas être un “alpha” ou un “béta” (beurk en effet). C’est analogue à jouir de l’eau potable d’une rivière, ou de manger les fruits de la nature, sauf qu’ici l’État se porte garant de me laisser bouffer les fruits de la seconde nature qu’est la société spectaculaire-marchande.
Ça fait du sens, car la société spectaculaire-marchande, lâchement appelée par les intellectuels du Pouvoir “société des loisirs” ou, un peu mieux, “société de consommation”, est axée avant tout vers la consommation plutôt que vers le travail. Le travail lui-même étant devenu un objet de consommation de luxe, à cause de l’ensemble d’obstacles mis en place par l’État (nécessité de faire des études pour avoir son diplôme, d’avoir une multitude de cartes de compétences pour des tâches ridicules qui s’apprenent en quelques heures, L’enjeu du travail étant complètement soustrait aux intérêts de la marchandise, l’État qui le soutient en fait de même une autre forme de marchandise à posséder, pour avoir plus de marchandise, ou de marchandise plus convoitée (avoir ses cartes dans la construction permet de se payer une maison de banlieue, un beau gros pick-up, une famille, de la marchandise bio et une éducation privée à ses enfants). Tout comme les syndicats -qui font pleinement partie de l’État corporatiste- jouent leur rôle de maintenir les privilèges racistes, classistes et âgistes tout en contribuant au travail esclavagiste des sans-statuts et des prisonniers, et la part communautaire de l’État servant à générer du capital social pour le maintient des conditions de l’esclavage chez les gens précaires.
Mais de l’autre côté, évidemment je sens cette relation comme fondamentalement aliénante, avilissante, dégradante, où je suis quand même maintenu dans un état d’esclavage à la marchandise et à son système. Je veux vivre dignement, sans avoir à me conformer au mode de l’alpha et avoir mon condo, je veux vivre librement sans avoir un crisse de char comme dans les promesses des publicités de l’industrie automobile.
Là où je n’ai plus le désir de posséder la marchandise que je ne possède jamais vraiment, et qu’à cause de cela c’est la marchandise, en fait, qui me possède. Son système de production/échange, son empire, fait de relations quantitatives au-dessus d’un comptoir (et parfois en-dessous). Je demeure un participant actif à la relation sociale du comptoir commercial, tout en voulant renier mon rapport à cette société, à son Pouvoir surtout. La relation d’asservissement est sentie non seulement par moi, mais par des milliers, millions, milliards, probablement. Je sais pas, en fait... est-ce que toi, lecteur-trice, tu le sens aussi? Est-ce que tu le sens quand tu regardes le regard mécanique et le sourire forcé de la personne qui travaille de l’autre côté du comptoir? Est-ce que tu te sens, quelque part, participer à quelque chose de laid?
Or je cherche autre chose que cette relation de merde déhumanisante. Au-delà, à la fois, de l’assistance sociale ET du travail salarié. Je cherche l’autonomie, simplement. L’autonomie, au sens plus large, du système monétaire/banquier, qui est au coeur-même de l’empire et sa domination sur nos vies.
De devenir riche, hors de question, surtout parce que c’est le rêve capitaliste qui fait fonctionner des masses de travailleurs encore aujourd’hui, surtout en ces temps d’Austérité où le mirage de la prospérité produite et imposée par les gros riches à travers leur spectacle-propagande voit sa valeur marchande multipliée au centuple, vendu sous pression de toutes parts.
Je ne souhaite pas l’aide sociale, et ne crois pas que l’aide sociale soit une condition souhaitable pour personne, pas tant parce qu’il “paie les gens à rien faire”, pour reprendre une vieille citation de Félix Leclerc (bizarrement une ancienne star de la phase de colonialisation d’après-guerre), mais parce qu’il rend ses béféciaires dépendant-e-s de l’État. En même temps, ce programme est malheureusement perçu comme le seul recours par les personnes en situation de précarité. Et dans une société où l’entraide est si rare -traitée le plus souvent comme une question purement théorique par la soi-disant Gauche révolutionnaire, comme une question d’Histoire ou d’anthropoligie par les anarchistes- avec les occupations. Difficile, dans les faits, de penser habiter quelque part sans se voir forcé de payer un loyer à un propriétaire.
Et même si l’aide alimentaire est plutôt répandue, c’est souvent dans une même optique de domestication et de contrôle social raciste et classiste (la banque alimantaire près de chez moi demande carrément d’avoir non seulement un bail, mais des factures de télécommunication ou d’Hydro! Or réfugiés et itinérants, oubliez-ça), même si les arguments bidon que les denrées sont limitées aveuglent sur le fait que les supermarchés jettent des tonnes et des tonnes de bonne nourriture à chaque jour, qu’heureusement certaines de leurs poubelles n’ont pas été transforées en compacteurs et permettent à plein de gens de se nourrir. Partout le mythe de la pénurie sert à aveugler sur le fait qu’il s’agit d’un pays riche qui baigne dans l’abondance.
Or les gens à Droite à Gauche me diront “ben dégage, et sors de l’aide sociale, sale anarchiste!”. Ben ok. Probablement ce que je vais faire, après tout il reste heureusement suffisamment de plantes comestibles dans la nature et de poubelles emplies de bonne bouffe dans la société pour m’en tirer... Après tout c’est un problème que je pose à toi, plus qu’à moi. Mais pour moi, eh bien oui, si on me coupe, moi-aussi, une part d’assistance sociale, ou qu’on m’imposerait comme condition, comme dans certains pays Européens, d’avoir à faire du sous-travail de merde pour avoir des prestations, je verrais ça comme un gros problème. Que c’est un problème reflétant l’ensemble de la société. Plus précisément, la guerre sociale.
Un problème auquel je ne peux pas répondre seulement en quémandant dans la rue, dans une manif bien polie et policée, qui donne du travail aux gens du commautaire et des syndicats, pour que le gouvernment bourgeois, sous les commandes du gouvernement financier international, arrête de faire du terrorisme économique contre moi et les autres plébéiens.
Pourquoi les personnes qui se font couper l’aide sociale par le gouvernement péquiste actuellement (il y aura d’autres coupures ou menaces de coupures dans le futur, peu importe l’admninistration au pouvoir) sont les personnes les moins disposées à se révolter, à faire sauter des infrastructures ou à participer à des émeutes? La réponse est dans la question.
Les personnes ayant des enfants et les personnes âgées sont les plus rarement prédisposées à aller se battre dans la guerre sociale, la mère et/ou le père de famille ne voudra pas assumer les risques que ça incombe -de perdre le soin de leurs enfants pour avoir été judiciarisés par l’État- et les personnes âgées, proablement aussi car il y a crainte de perdre leurs pensions et soins médicaux, faute de les voir être remplacés par la prison. Ces hypothèses sont machiavéliennes, certes, mais la Raison d’État prime toujours pour des politiciens, par-dessus la raison humanitaire, ce n’est pas moi qui les pensent, mais les experts en gestion de crise, les commandants dans la guerre sociale.
Des indignados qui mettent les mains en l'air face à la violence d’État, jusque dans les rues pacifiées par cette même violence d’État dans une ville québécoise, les élites militantes professionnelles semblent être habiles à nous garder hors d’une contre-offensive dans la lutte contre l’Austérité guerrière, même d’en isoler l'idée de coupures dans un programme social ou un autre. La question ne devrait pas être si on devrait les suivre ou non -ça vous regarde- mais plutôt si on continue de laisser l’empire financier sévir et envahir, partout, ou bien on lui fout le sabot dans les engrenages!
Notamment, dans la lutte contre le Plan Nord, le développement de l’infrastructure électrique qui s’y rattache, les méga-projets de pipelines dans le centre de l’Amérique du Nord et dans l’Ouest canadien, comme par la lutte contre tous les développements immobiliers et corporatifs dans les villes et les campagnes, on a la possibilité -bien tangible et efficace- de répliquer aux offensives de ces mêmes gros parasites qui nous font la guerre par l’économie et à travers leur industrie et sa technologie du spectacle. Le cas de la ZAD en (plutôt hors de) France, le camp Unis’tot’en dans les Rocheuses, et autres “blocages par occupation” s’érigeant un peu partout dans le monde démontrent que c’est aussi possible d’en faire une forme de vie, une forme de subsistance autonome, hors de la société et même de son aide sociale, où peuvent se tisser aisément des liens interpersonnels authentiques, fondés sur la solidarité, là où le social a abattu toute forme de vie qui n’est pas conforme à ses contrats de propriété et d’exploitation. Il ne s’agit pas d’une autre manif symbolique ou d'un Occupy où on a peine à se faire de nouveaux-elles ami-e-s, mais des espaces collectivement libérés (même si parfois temporairement) de résistance à la société, où créer la vie communale et s’auto-organiser est une nécessité guerrière de l’ici et maintenant, plutôt qu’une prétension militante déphasée.
J’aspire, on aspire, à un autre monde. Pas un monde idéalisé et suspendu dans un futur quelconque -comme les nombreux mirages produits industriellement- mais celui bien présent et réel, qu’on contribue à écraser et formater dans notre travail pour la société.