Bogotá, lundi 12 mai 2014. Une centaine de personnes s'est réunie aujourd’hui devant l'édifice de Pacific Rubiales dans le nord de Bogotá.
Dénonçant les dommages sociaux et environnementaux causés par les projets de la pétrolière canadienne dans le département du Meta, les membres d'une dizaine de communautés rurales et urbaines se sont réunis au sein du Comité communautaire environnementale de Puerto Gaitan afin d'exiger la suspension des contrats d'exploitation de Pacific Rubiales dans la région.
En 2011, un conflit du travail avait fait la une des journaux. Mobilisant les employés en sous traitance de la pétrolière syndiqués au sein de l'Union Syndicale Ouvrière, ce conflit avait rendu publique une situation socio-environnementale bien plus vaste : Contamination des eaux, épuisement des réserves d'eau, expropriation et appauvrissement de la population, militarisation et privatisation des axes publics de circulation, absence de réinvestissements sociaux et d'intérêt public, etc.
Des années de mobilisations et de démarches administratives et juridiques laissent un bilan difficile pour ces leaders communautaires qui sont actuellement victimes de menaces, forcés à quitter leur lieu de vie et pour certains judiciarisés.
Tout semble jouer en faveur de l'entreprise au sein des institutions colombiennes. Les plaintes de la communauté n'aboutissent pas, tandis que celles de l'entreprise ont déjà mené à l'emprisonnement en attente de procès de plusieurs membres de la communautés et du syndicat de l'USO.
Une nouvelle menace pèse sur les communautés, le processus de restitution des terres. Programme phare du gouvernement Santos financé par le gouvernement canadien, le processus est supposé garantir la restitution des terres aux victimes du conflit. Cependant, plusieurs doutes planent tant sur sa viabilité que sur ces réels objectifs. Tout d'abord au rythme actuel, il faudrait près de 90 ans pour accomplir la tâche qui incombe à l’unité de restitution des terres alors qu'elle ne sera en vigueur que pour un dizaine d'années. Elle doit donc prioriser les zones « sécuritaires et favorables au développement agricole ». Il est donc curieux que les terres adjacentes aux projets pétroliers et miniers du Meta soient devenues une priorité. Et pourtant, les restitutions ont commencé en générant des conflits entre paysans déplacés il y a 20 ans et ceux qui y vivent depuis, ceux qui veulent récupérer leur terres pour les revendre aux multinationales et ceux qui souhaitent préserver leurs vocations agricoles…
« Après 16 ans de luttes pour vivre sur mes terres, il y a dix jours j'ai reçu l'avis que ma ferme faisait partie de 177 fermes qui seront expropriées », annonce l'un des participants à la mobilisation.