Imaginez être citoyen d’un pays où des enfants de bas âge sont gardés en détention, incarcérés pendant des mois et parfois séparés de leurs parents. Imaginez que leurs parents, innocents de tout crime, ont été victimes de torture, de viol et d'autres actes de violence, mais qu’il soit tout de même acceptable que ces familles traumatisées soient interrogées répétitivement, menottés, humiliées et enfermées dans une cellule sans possibilité de communiquer avec l’extérieure ni possibilité d’avoir recours judiciaire. Enfin, imaginez qu’au lieu de les protégés contre d’autres actes de violence, ils soient renvoyés à ceux qui les persécutent sans possibilité de s’échapper.
Ceci est malheureusement le cas de plusieurs familles au Canada où plus de 400 enfants par année sont détenus dans des prisons canadiennes, et ce, sans compter un nombre important d’innocents hommes et femmes. Le motif de leur détention : victimes de violence, de guerre ou d’autres atrocités, ils sont obligés de s’exiler de leur terre natale pour demander l’asile au Canada. Ces demandeurs d’asiles, déjà dans un état de santé mentale fragile à leur arrivée, s’adaptent mal à la vie de prison où ils sont traités en criminel, menottés, interrogés et parfois séparés de leurs familles. Selon une étude de la Table de Concertation des personnes Refugiés et Immigrantes (TCRI), enfants comme adultes deviennent souvent dépressifs voir même suicidaires et développent plusieurs troubles psychiques liés à l’incarcération : l’anxiété d’être séparés de leurs parents, l’humiliation d’être menottés, les troubles de comportement social et de développement, la peur de se voir renvoyé à leurs tortionnaires, etc. La vision du gouvernement conservateur est pourtant claire à leur sujet : on désire augmenter le nombre de détenus par des mesures qui pourront rendre la détention obligatoire, et ce, pour la durée d’une année ferme. Sinon, pire encore, d’autres mesures visent un renvoi expéditif sans recours ni révision judiciaire pour des personnes venant de pays spécifiques considérés « sûrs ». Par un dispositif qui donnera un pouvoir démesuré au ministre la Citoyenneté, de l’Immigration et du Multiculturalisme qui décidera, à lui seul, quel pays sont dites « sûrs » les demandeurs d’asile se verront renvoyés, peu importe leurs raisons d’exil. Cette mesure sera aussi imposée aux réfugiés acceptés devenus résidents permanents venus de pays dits « sûrs » ainsi ces personnes seront dérobées de leur statut de personne protégée et renvoyer dans leur pays d’origine sans préavis ni soucis pour leur bien-être. Tout ceci grâce à une série de lois déposées par les conservateurs appelés le projet de loi C-31 et qui sera probablement passé au vote au parlement canadien, majoritairement conservateur, d’ici la fin mars 2012. En autres mots, les plus vulnérables de notre société, comme les femmes victimes de violence conjugale ou des familles menacées de mort se verront abandonnées par les seuls dispositifs et moyens supposés les sauver : le droit à l’asile.
Plusieurs avocats et militants ont lever leurs voix pour dénoncer cette régression dans la protection des droits humains fondamentaux en soulignant que même dans un pays considéré « sûr » il peut y avoir des flagrants abus des droits humains contre les femmes, comme dans les cas de violence conjugale, et envers des minorités ethniques, sexuelles ou politiques comme dans les cas de violence organisée. De plus, ces experts expliquent qu’il y a toujours risque d’erreur humaine lors du traitement des dossiers d’un demandeur d’asile et que ce risque augmentera si on conjugue un délai de traitement écourté suivi d’une déportation expéditive. Il est important de souligner qu’il s’agit ici des vies humaines parfois renvoyées pour être torturés ou assassinés par ceux même duquel ils se sont échappés pour trouver refuge.
Malgré l’effort du Canada à accepter certains réfugiés, il tourne de plus en plus le dos à des milliers de personnes dont 83,382 femmes, enfants et homme déportés entre 2006 et 2011 puis un autre 72,000 réfugiés qui ont été détenus arbitrairement entre 2004 et 2007. Si le Canada traite les demandeurs d’asile de cette façon, imaginez comment il traite les personnes ayant été refusées ou qui n’ont aucun statut officiel. Encore une fois, les enfants sont souvent les premières victimes : sans statuts ils sont privés d’éducation, de soins de santé et parfois même de leurs parents. Le cas des enfants de Paola Ortiz, une mère mexicaine victime de violence conjugale, est un exemple parmi tant d’autres : son statut de demandeur d’asile a été refusé et elle a été expulsée puis contrainte à laisser ces deux enfants en bas âge au Canada.
Selon Solidarité Sans Frontières, les faits ne font que s’aggraver depuis la dernière décennie avec une augmentation de 50% de déportations et un refus de 97% des demandes de révision dans les cas de refus du statut de demandeur d’asile appelé l’Examen des risques avant renvoi (ÉRAR). Tout ceci en dépit et malgré les dangers et les risques auxquels font face les personnes une fois renvoyées dans leur pays. Ceci est surtout le cas des non-citoyens canadiens qui ont le malheur de se faire révoquer leur résidence permanente et se voir attribué le sceau de « grande criminalité » pour des crimes mineurs comme des amendes non payées. Lors de la déportation, cette étiquette de « criminel » donne souvent le feu vert aux autorités de leurs pays d’origine à incarcérer ces anciens résidents permanents dans des conditions menant à la maladie ou la mort. C’est le syndrome « pas dans ma cour ».
Il est évident que le système d’immigration canadien a des lacunes majeures et faute d’humanisme, ce système tend vers le contraire des valeurs défendues dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et la Convention sur les réfugiés dont le Canda est signataire. Pourtant, il projette l’image d’un pays libre, voire même accueillant, mais lorsqu’on gratte cette fausse façade on trouve que l’hypocrisie d’un système d’immigration déshumanisé et discriminatoire ayant un manque flagrant de sensibilité pour la souffrance humaine. En tant que citoyens canadiens, nous sommes redevables envers ces enfants innocents qu’on incarcère arbitrairement et abusivement, et nous sommes aussi redevables envers ceux et celles qu’on déporte vers la torture et la misère. Il est évident que d’une part le gouvernement doit changer sa façon injuste et inhumaine de traiter les immigrants dont les demandeurs d’asile, mais il est d’autant plus urgent que, nous, en tant que citoyens, contestons ces injustices. Il est impératif de rappeler à notre gouvernement qu’il doit respecter les droits de la personne dans leurs intégralités et ce, pour tout être humain peu importe leur provenance ou leur statut.
Pour plus d’informations ou pour vous impliquer voir les liens suivants :
Signez la pétition sur Avaaz:
Arrêtons le C-31 qui menace les réfugiéEs!
Arrêtons le C-31 qui menace les réfugiéEs!
Écrivez au Premier Ministre :
Premier Ministre Harper : stephen.harper@parl.gc.ca
Écrivez au Ministre de l’Immigration :
Jason Kenney: Ministre@cic.gc.ca
Écrivez à votre député fédéral:
Conseil Canadien pour réfugiés : http://ccrweb.ca/
Campagne Une tulipe pour les réfugiés : http://www.facebook.com/A.tulip.for.refugees
La table de concertation de personnes réfugiées et immigrantes : http://www.tcri.qc.ca/
Solidarité sans frontières : http://www.solidaritesansfrontieres.org/