Ce matin au Palais de justice, le procureur laissait tomber l’accusation d’ « incitation à craindre des activités terroristes », en lien avec l’affaire des fumigènes dans le métro. Un an auparavant, il y avait des dizaines de journalistes s’empressant à monter un véritable « show de boucane », une occasion en or pour esquiver les enjeux de fond de la grève et pour pointer du doigt les prétendues pommes pourries du mouvement étudiant. Ils ont épié les faits et gestes des accusé-es, mis leur vie personnelle en spectacle et fait de ces quatre étudiant-es les ennemi-es publics numéro 1, laissant pour la plupart loin derrière la présomption d’innocence.
Rappelons que c’est au lendemain des manifestations de Victoriaville, des injonctions plein la tête, que le ministre de la Justice a donné son aval pour porter cette accusation en vertu des dispositions anti-terroristes du Code criminel. Quelques jours plus tard, déjà 850 personnes avaient signé une déclaration demandant le retrait de l’accusation et des centaines s’étaient réunies devant le Palais de justice et la prison Tanguay en support aux accusé-es.
Ce n’est pas la première fois que l’État québécois recule sur des accusations dans le cadre d’un conflit politique, une fois la poussière retombée. Il reste encore de ces sexagénaires pour en témoigner dans les différentes vigiles: lorsque nécessaire, la «justice» est employée pour réprimer les mouvements sociaux, pour frapper les esprits par la lourdeur des accusations. Il n’y a rien de nouveau là-dedans, on restreint nos prétendues libertés dès lors qu’elles servent à quelque chose.
Tout de même, vivre avec des accusations, aussi ridicules soient-elles, ça donne la frousse, ça isole et ça marginalise, une vie à la fois. L’héritage que laisse la répression de la dernière année n’est à ce titre pas banal. Derrière les milliers d’accusations criminelles et pénales, on connaît maintenant presque tous et toutes au moins une personne qui aura à se démerder avec des procédures judiciaires, punie pour s’être battue contre son appauvrissement et celui des autres. Rien que depuis deux mois, plus de mille nouvelles arrestations ont eu lieu dans le cadre de manifestations.
Mais on le voit bien, lorsque la machine judiciaire est poussée à fond, elle devient inopérante. Les accusations ne tiennent ainsi qu’à un fil, à nous de les faire tomber. Si cette grève nous a enseigné quelque chose, c’est bien l’impératif de mettre en pratique une solidarité active pour obtenir réparation. Nous ne reconnaissons aucune légitimité à un juge de trancher entre les actions politiques considérées acceptables et inacceptables. Nous mènerons nos débats nous-mêmes et nous progresserons.
Nous appelons en ce sens à l’organisation de comités de soutien aux arrêté-es sur les campus et dans les quartiers, avec le concours des assemblées populaires autonomes. Nous réclamons le retrait de l’ensemble des chefs d’accusation, sentences, amendes et conditions de libération liés aux mouvements en lutte contre l’oppression, la répression et l’austérité. Nous ne laisserons personne en reste.
Source: https://sansterrorisme.wordpress.com/2013/05/16/la-fin-dun-show-de-boucane/