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Grève étudiante: le spectacle a frappé!

Deux ex machina du théâtre électoral


À tous les grévistes qui se sont laissé subjuguer par le politique, et pour les autres aussi...

 

Le spectacle a frappé,

Du fouet de sa domination sur nos cerveaux.

 

Une fois les vacances terminées,

Les grévistes ont décidé en grand nombre de replonger dans la société,

Votant une trève électorale,

Pour voter la paix sociale.

 

Notre capitulation face au Pouvoir de l’État,

Elle sera signée quelque part sur un bulletin de vote,

Car nous ne sommes tous, pour eux, que des statistiques.

 

Mais est-ce vraiment ce qui s’est passé?

Pour de nombreuses personnes, en fait, cette grève a été comme une charge révolutionnaire contre une société sordide, celle de l’austérité, qui n’est pas seulement qu’une série de coupures pour faire plaisir à un cartel financier supranational, mais aussi plus profondément un régime autoritaire avec des prisons qui se multiplient, la criminalisation de la dissidence, l’invasion corporative partout, une société de contrôle qui supporte ça, avec des tonnes de gens qui se font prescrire de la merde chimique, pluggés sur les médias de masse, se faisant piquer comme du bétail, gobant tout le prêt-à-penser comme les one-liners sur Twitter et autres médias socio-corporatifs, où on doit maintenant y mettre toute notre vie comme si elle appartenait à Facebook inc.

Mais je me rappelle aussi ce que c’est qu’être étudiant-e. C‘est d’être un-e perdant-e, profondément aliéné-e au résultat de 15-20 ans de programmation; de voir défiler ses rêves pendant qu’on est conscrits dans une salle de classe endormante à copier-coller tout ce que le prof dit comme des robots, n’ayant que le local d’asso comme salle de récréation (encore, si on est chanceux), comme dans une grande secte de l’État corporatiste et de son industrie. C’est de retourner à son rêve vide, continuellement recyclé et réimposé, du progrès, du développement… Et le progrès de quoi, au juste? Vers où? Et pourquoi? C’est pas important. Faut juste produire, pis produire, pis encore produire pour le progrès, soldat! Point.

Et “ferme ta gueule!”, comme disent si bien les flics de la démocratie.

“Mais… mais… c’est pour avoir une société plus juste!”

Le conflit étudiant, me sembla être la plupart du temps que du gros spectacle bien juteux. Ma déception (personnelle, interpersonelle, sociale... totale), je l’ai trouvée surtout dans ces super-méga-manifs chronométrées de plusieurs centaines de milliers de gens, où nous avions tout le centre-ville à portée de main, où la police ne pouvait absolument rien faire pour nous faire “bouger de là” (étant environ cent fois plus qu’eux dans les rues), où nous avions qu’à nous poser, un peu partout, surtout dans des hauts lieux du pouvoir financier ou policier, faire connaissance, discuter de plans de match, refaire le décor selon notre inspiration, se faire des Barbecue, faire l’amour sur la place publique, dévaliser à profusion les magasins et y prendre ce qu’on a besoin pour vivre, crever les pneus des autobus jaunes, refaire le monde dans l’ici et maintenant en s’autogérant, en se prenant en main… Nous n’avions pas à attendre d’être en nombres plus contrôlables par les autorités pour reprendre, occuper et refaire le monde, nous avions seulement qu’à le faire, sur le moment, car à plusieurs reprise nous nous sommes donné ce pouvoir que nous avons refusé de prendre, tout en l’affirmant sous le regard des médias. Nous ne l’avons pris que plus tard, à petite échelle, dans les assemblées de quartier. Étais-ce trop tard, ou n’était-ce qu’un commencement de quelque chose de plus profond? C’est au gens qui y participent d’y amener ou voir la réponse, pas à moi…

Car il est vrai que de casser les vitres, décorer les facades, foutre le bordel dans les rues de l’État capitaliste, c’est aussi de casser l’image et le fonctionnement de sa société. Mais au-delà ce ça, il y a aussi un monde de liberté à créer, par la base. On ne peut plus se permettre de rester à refaire le monde entre quatre murs, à se complaire dans notre alternativité alros que dehors règne le fascisme ordinaire. C’est le moment, plus que jamais pour que le vrai monde reprenne la place publique et s’y impose comme la seule forme de pouvoir légitime. Pas parce qu’il est plus “à Gauche”, “plus juste” ou qu’il porte des drapeaux qu’on aime plus, mais parce que c’est le nôtre; et pas celui d’une élite faite de gens qu’on connaît pas, de représentants qui ont personnellement rien à voir avec moi, toi et nos proches.

Nous savions tous-tes, aussi, plus ou moins consciemment, que ça n’avait pas à voir qu’avec “la hausse des frais”. Que la hausse des frais se déroule aussi partout ailleurs dans le système; dans la bouffe, les loyers, billets de transport, et toutes les autres taxations de ce qui fait notre quotidien. Ça n’empêche pas qu’ils continueront, peu importe la marionette au pouvoir, à obéir au doigt et à l’oeil de la haute finance mondiale cachée derrière des entités corporatives. Car maintenant, tu sais… on est tous, un peu partout à travers le globe, sous la domination du même empire.

Tu réaliseras que le but de cet ordre capitaliste, c’est d’être englobant, de contrôler et profiter de chaque aspect du fonctionnement de la société, jusqu’à ses moindres détails; alors qu’on se fait nier le droit de profiter de notre vie pleinement, et comme on l’entend. Ce n’est pas une société individualiste, comme la Gauche autoritaire a tendance à nous faire croire. Bien au contraire, c’est une société où règne, un conformisme sectaire, fait pour maintenir les privilèges d’élites capitalistes. Ce conformisme, il est partout, et partout où il est il peut être récupéré et rentabilisé. Vous l’avez vu, fort probablement aussi expérimenté, durant la grève étudiante avec l’embrigadement à Facebook et Twitter, où c’était assez difficile d’organiser quoi que ce soit sans léguer un tas de données personnelles à une batterie de scripts invasifs (au cas où tu saurais pas, si tu as fait de la mob de cette façon, toi et tes amis-es êtes fichés à vie). Comme s’il n’y avait pas d’autres alternatives sur le net…

Et conformisme rime aussi avec travail, et études. Il n’y a pas de différence avec l’embrigadement militaire et la discipline dans les universités québécoises, surtout sous la loi 12 (loi 78). Mais de suivre les tendances mode, de se lever de force le matin pour arriver à l’heure, de fonctionner légalement en société, c’est aussi une sorte de travail, or tant qu’il y a du travail, y a du profit à aller chercher. C’est la Matrice par laquelle ils dérivent leurs net profits. Or une “grève générale illimitée” ne peut être qu’envers tout ce système de collaboration/exploitation, or elle n’est qu’une autre grève partielle, visant à rajuster les conditions de collaboration/exploitation. Ça n’a donc pas tant à voir avec le nombre de gens ou secteurs qui embarquent dans la grève, qu’avec la grève en tant que rupture totale avec le système dans son ensemble.

Contre le cancer de l’austérité, qui n’arrête pas, ou contre la société qui le soutient?

La source du problème de l’austérité n’est pas tant dans la privatisation, ou même encore la propriété privée, mais dans la propriété, tout simplement. La propriété en soi étant la définition abstraite d’un rapport de domination totale (exclusivité) sur un espace, un bien, un corps. C’est le résultat d’une appropriation intimement liée à l’invasion coloniale qui se déroule ici depuis des siècles, fondé sur un concept entièrement raciste et religieux, amendé à l’origine par des décrets de l’Église et des monarques européens. Dans un tel schème, les non-citoyens de la colonie (autochtones ou tous les autres non-sujets de la Couronne) se voient privés des biens appropriés -par ruse ou par force- par l’État conquérant. Une fois cédé ou vendu à des compagnies sanctionnées par ce dernier, la propriété devient l’exclusivité unique du/des propriétaires. L’ère des rébellions républicaines se solda directement par une cession d’une grande partie des “biens” de l’empire, à de “grands citoyens” de la colonie, les bourgeois. C’est ça le capitalisme, né d’une relative “cession de bail” de la monarchie/Église au cours des deux derniers siècles. Sauf que les terres cédées étaient en elle-mêmes le résultat d’une concession des peuples autochtones, acquise de ruse ou de force. Pour des gens qui ne connaissaient pas la notion d’exclusivité de la propriété terrienne -comme les autres formes de propriété d’ailleurs- il était facile pour les envahisseur de négocier l’accaparation de territoire.

Mais peu importe… à la source, la séparation avec la Terre -soi-même et les autres, commence avec la propriété, et peut être surmontée seulement lorsque la propriété est efficacement subvertie, volée, usurpée, brisée ou annulée. Aussi dans le rapport à soi, et aux autres.

C’est pourquoi la “destruction de la propriété” est maintenant un des péchés capitaux dans leur religion mercantile, que des gens servent maintenant des peines de plusieurs années de prison juste pour ça, au Canada, aux États-Unis, en Europe… dans les purgatoires de béton de “nos” démocraties, à l’ombre de la société. La propriété, c’est aussi la pierre angulaire de l’État capitaliste, ce qui lui donne toute sa raison d’être depuis le commencement. Il s’agit donc pas d’une tendance “néo-libérale” déviante, étrangère à un “État démocratique”, de la part de porcs encravatés “de droite”. Le capitalisme est le fondement de cet État.

Comme il n’y a pas eu d’État socialiste au Québec ou au Canada, seulement un système keynesien (de Keynes, qui a orchestré le New Deal), employé comme mesure palliative très efficace à une époque où l’Ennemi communiste devenait une concurrence vraiment redoutable, où les mouvements populaires et ouvriers -déjà radicaux à l’époque- rendaient le Pouvoir inconfortable. Cet État-Providence s’est avéré être une invasion très puissante de la société québécoise, et en parallèle avec l’invasion américaine depuis les années ‘50, préparait le terrain pour une invasion corporative de la société en entier, et bien au-delà, aussi de la société. Or la critique du néo-libéralisme est désuette, tout comme sa revendication d’une sorte de retour à la “bonne vieille” social-démocratie.

Tout ceci fait partie de l’État bourgeois, patriarcal et colonial. Comme tous les chefs de la démocratie, et notre rock star Gabriel N. Dubois et les chefs de Conseil de bande autochtones -à titre d’exemples- en font partie. Surprise, surprise! Ils sont tous des figures de la domination mâle. L’État est une pieuvre; son pouvoir pénètre, infiltre, récupère tout ce qui accepte sa présence, tous ceux et celles qui acceptent son autorité -Blanche et patriarcale, comme toujours- dans leurs rangs. Et une fois que vous serez pacifié-es, il vous fera payer. Car comme depuis le tout début de la colonie Française, tout doit passer par un comptoir, ou bureau, que ce soit par dessus ou en-dessous.

Ça, c’est la démocratie.

Tu votes, et tu paies. Et selon leurs conditions, pas celles que t’as choisi.

Mais nous savons, aussi, que tout ce pourquoi on nous fait payer pourrait et devrait être gratuit, et je vous donne entièrement raison là-dessus. Pas juste l’éducation, mais la société et tout ce qu’elle produit devrait l’être aussi, car à priori c’est nous tous-tes qui en sommes les producteurs. De son spectacle aussi et surtout.

Pareillement, nous sentons tous-tes la tarification comme une pression économique dictatoriale, et c’est précisément ce qu’elle est. Tout comme la bureaucratisation des droits à un travail décent, sa soumission à une batterie de “privilèges” de classe (la panoplie de cartes, licenses et ordres professionnels). Les gens qui étudient dans des techniques connaissent bien l’étendue du problème, surtout les gens immigrés, surtout ceux venant d’en-dehors des pays du Nord. Que les possibles de la société soient ainsi fortifiés rendent le travail clandestin sous-payé, le commerce de drogues, la prostitution comme la voie accessible pour pleins de gens, études ou non.

Et la société de contrôle est rentable pour ses exploitants; c’est la raison cachée du pourquoi elle se fait toujours plus contrôlante et envahissante. Il n’y a pas, apparement, de complot mondial secret. Ça n’a à voir qu’avec du gros fric, et du gros pouvoir. Avec la même vieille accumulation de capital. C’est pour cela que les prisons continuent de grossir, deviennent des usines à production de tout le sous-capital, et se multiplient.

Et en même temps, les prisons sont d’efficaces épouvantails pour les citoyens à l’extérieur, en support aux emmerdeurs violents -les flics- dans les rues, pour que tout le monde paie et fonctionne légalement en société.

Aussi une justification inconsciente pour la lâcheté hypocrite des gauchistes, qui critiquent l’injustice seulement quand c’est sous forme de revendication politique, mais la laissent passer sous leur nez sans broncher. Car… ben… y a trois maisons d’accueil pour héberger les centaines de sans-abris à chaque hiver à Montréal. Car y a des groupes communautaires pour “défendre” les droits des réfugiés, et ceux des locataires qui se font exploiter, et y a la DPJ pour “protéger” les jeunes des méchants abuseurs, proxénètes et pushers et les tenir loin des prisons, sous la “protection” et regard attentif des intervenants sociaux qui leur donnent des pillules pour leur “bien-être”… Vrai, non?

Non, vraiment pas.

Si la gestion de crise est aussi répandue et à la fois aussi contrôlée et bureaucratisée (par l’État, soit), essentiellement inefficace et passive, et profondément contradictoire face à ses propres prétensions, c’est parce qu’elle est profitable pour les exploiteurs. Même la Guerre au terrorisme, de façon plus globale, a connu un vaste succès quand à multiplier le trafic d’armes, de drogues dures, de marchandise humaine et les contrats de mercenaires, à un temps où il leur manquait un grand Ennemi contre qui faire la guerre sur la scène mondiale.

Et peu importe quel pantin prendra le pouvoir, ça n’y changera rien. Ils continueront de s’approprier de tout, par la violence d’État, ou par l’achat “sympa” de l’opposition politique. Même si un nouveau pantin négocie avec les étudiants les conditions plus du retour à l’assujetissement ordinaire (ou du non-redéclenchement de la grève), pas grand chose n’aura changé, à l’exception des milliers d’étudiants ou ex-étudiants qui se verront emmerdés par la judiciarisation/criminalisation durant des mois, des années pour s’être soulevés.

…mais pourquoi je vous parle soudainement de tout ça? Ça n’avait à voir qu’avec la hausse des frais de scolarité!

Bref, on ne règlera pas le vieux problème de l’austérité sans s’attaquer à sa source. Et cette source, c’est pas “les Libéraux” ou même “la Droite” ou le “néo-libéralisme” (ou de façon plus mineure pour les nationalistes, “les Anglais”, “les Américains” ou, pire encore, les bons vieux “Juifs”). C’est le capitalisme oligarchique qui domine sur tous les États membres du G20, comme plusieurs autres. Pour s’en prendre à cette structure de pouvoir mondial, il ne s’agit pas que de s’attaquer aux intérêts les plus évidents du gouvernement, mais ceux du réseau de parasites mafieux qui en tire profit par le haut. C’est aussi d’attaquer le système qu’ils nous imposent comme étant la seule condition de vie qu’on puisse se permettre en ce monde; celui-là, même, dont ils profitent par ses dispositifs multiples. S’en prendre à tout ce qui entretient notre esclavage, la perpétuation de la machine. C’est pour ça que les “méchants casseurs” couverts de noir, comme d’autres moins uniformes, s’en sont pris si souvent aux banques, magasins corpos, Centre de Commerce Mondial, tours à bureaux, Palais des Congrès, conférence de presse de fédé, CÉGEPs sous injonction, quais de métro, voies ferrées, autoroutes, stations de flics et centre de recrutement des Forces armées. Car tout ceci -et bien plus encore- fait partie de l’État capitaliste. Ça va plus loin que seulement Loto/Hydro-Québec et les bureaux d’un Ministère; le Pouvoir est beaucoup plus haut et profond qu’une bande de gentils fonctionnaires “qui se branlent toute la journée” dans leurs cubicules ou bureaux privés.

Le fait de suspendre la grève pour fins électorales est de se mettre à marcher avec le même Pouvoir que nous avons combattu durant cinq mois. Mais là -non seulement dans les votes mais dans la participation aux AGs- se trouve la ligne de démarcation sacrée, enfin dévoilée au grand jour, nous permettant de distinguer tous les gens soumis à l’État -par choix ou compromis- et les gens qui sont réellement en grève générale illimitée. Entre les gens soumis à la politique-spectacle et ceux-celles qui veulent refaire le politique à partir de la rue.

Car vous avez sûrement remarqué tout comme moi que la grève a créé un nouveau pôle du pouvoir, situé dans la rue, en opposition au pôle situé quelque part “en haut”, derrière l’écran, le bureau, la matraque. C’était le début de la réalisation collective qui s’appelle une “révolution”, quoique bien-sûr c’en était pas encore tout à fait une. Mais le Pouvoir a depuis longtemps développé des armes réactionnaires contre presque toute forme de révolution, et le cirque électoral en est une, parmi d’autres.

L’enjeu du cirque électoral est de faire la promotion du pouvoir hiérarchique (par le haut) tout en aliénant le pouvoir de l’autonomie populaire (par le bas), et entre les deux se joue le jeu d’intégration horizontale, l’influence par les côtés, par la conformité, par la “corruption positive”.

Ce n’est pas pour rien, après tout, que le suffrage universel et l’idée d’État démocratique se sont répandus à l’époque des premières Internationales, durant une période où l’ordre capitaliste était pour en prendre un sale coup, et que le prolétariat commençait à réaliser son propre pouvoir. Ce sont des Internationales que le réformisme politique est issu, pour offrir une solution plus “humaine” à un Pouvoir capitaliste jusqu’alors essentiellement antisocial et brutal. Le socialisme, comme sa forme encore plus accomodante et fasciste de la social-démocratie, n’est qu’une vieille façon de sucrer la pillule du capitalisme, alors que les prisons continuent de se peupler, la police continue de réprimer et les armées d’envahir à l’étranger. Le militant socialiste n’est en fait qu’un capitaliste, juste qu’il porte la barbe plutôt que la cravate, porte le carré rouge plutôt que le logo corportatif, même si nous savons bien que les costumes changent une fois qu’ils deviennent grands… Conformisme oblige.

De toute façon, le socio-corporatisme est la nouvelle tendance, à l’échelle mondiale. C’est le système maintenant officiel en Chine, la nouvelle façon de marier capitalisme sauvage et socialisme autoritaire; de préserver le pire du capitalisme (ou meilleur, dépendamment du point-de-vue) et le renforcir par le bon vieux collectivisme sectaire des bolcheviques, les premiers vrais “carrés rouges”. C’est un capitalisme hyper-régulé, avec comme principe central la standardisation (de mettre tout le monde sous les mêmes étendards), où t’es sur Facebook, ou t’existe pas. T’es hipster/vegan/queer, ou t’existe pas. Tu votes pour un des partis proposés sur le bulletin, ou t’existe pas.

Vous comprenez, maintenant, la mécanique qui a fait que tous ces moutons ont voté contre leur propre grève.

Car avant tout c’est un pouvoir de l’image. Surtout par l’image. Ce n’est pas pour rien que ce soient les “imagistes” qui se font les bouches et les bras répressifs de l’État à l’intérieur du mouvement étudiant, au nom de la paix sociale, au nom de Radio-Canada. Encore aujourd’hui, les médias dinosaures nous jouent la carte de la solution politique par le haut à un conflit social qu’ils ne peuvent pas eux-même expliquer adroitement. Encore aujourd’hui, les médias dinosaures nous font leur spectacle de la Démocratie Triomphante, guidant le peuple vers 4-5 autres années de despotisme mafieux.

Leur vieux théâtre bidon, ils nous le crachent aux oreilles, le mitraillent sur le mouvement étudiant comme une arme de destruction massive. “Al-lez-vo-ter” c’est leur rafale de tir la plus fréquente. Quatre syllables, juste pour être sûrs de pas rater leurs cibles citoyennes. Et presque tout laisse à croire que ça a relativement fonctionné.

La politique officielle n’est que spectacle, et le spectacle, c’est la nouvelle religion.

Maintenant en version HD et payante, à la mode de l’austérité, sous le regard bienveillant de Big Brother Inc et son armée de caméras et de téléphones intelligents qui font de vous maintenant une star (des services de police, surtout), comme avec le programme Trapwire récemment dévoilé par Anonymous. Faites vos recherches. Je crois que c’est crucial, surtout par intérêt stratégique- que tout-e militant-e comprenne bien à quel point le Spectacle et le Pouvoir sont indissociables, qu’ils sont une seule et même chose, alors qu’une grande partie du jeu de domination de l’État se déroule à travers les médias de masse, où toute l’étendue de sa violence réelle est glissée sous le tapis.

Le spectacle, c’est l’arme la plus puissante du pouvoir.

Or quand on se voit à travers d’eux, comme un faux-miroir d’une image fictive de la masse, eh bien c’est tout à fait logique qu’on se mettre à agir selon leurs directives.

Mais les anarchistes et autres gens ayant une perspective plus profonde de la grève n’ont pas perdu. Probablement même que le milieu s’est élargi de hordes de nouveaux insurgé-e-s -du moins en devenir- qui vont à leur tour elles-eux-aussi animer une lutte de résistance peut-être encore plus sauvage et redoutable qu’elle ne l’a jamais été, repoussant toujours plus les limites de la réalité, du possible, du “socialement acceptable” à la con.

Les seuls vrais perdants sont ceux qui ont mis leur foi et énergies dans les processus politiques autoritaires, qui maintenant se font balayer par le raz-de-marrée électoral et médiatique, soit par une politique qui leur est ascendante, et en même temps condescendante. Une fois de plus, le politique les a berné. Ceux qui vont se retrouver dans leur esclavage quotidien en salle de classe ou sur le lieu de travail. Ceux qui vont avoir tout oublié, dans quelques années, de ce qu’ils ont fait durant ces six mois de soulèvements populaires, tout bien enterré sous une routine de servitude quotidienne coulée dans le béton armé. Et puis peut-être dans quelques années, qui sait… Si c’est ce que vous voulez, citoyens, vous l’aurez, et pas juste à peu près. Ne vous méprenez pas en pensant que vous n’avez fait que voter pour une “trève électorale”, car vous avez fléchi, et le Pouvoir saura vous faire fléchir encore plus quand le moment viendra. L’attaque policière à l’U de M, vous pouvez pas le mettre exclusivement sur le dos du recteur et la loi 12. Si vous n’aviez pas saboté votre propre mouvement deus semaines avant, y aurait eu pas mal plus de gens pour soutenir les braves qui continuent de faire la grève, plutôt qu’une masse de gens qui sont en “trève”. Là se voit votre traîtrise en tant que citoyens-collabos, esclaves du Pouvoir.

Il n’y a pas de trève dans une grève, surtout pas quand on a, à plusieurs reprises, confirmé l’ntention de la perpétuer indéfiniment… disons jusqu’à la gratuité. Car à quoi ça rimait, toutes ces AGs de reconduction de grève, sinon qu’une tentative récurrente par des agents réactionnaires de saboter le mouvement de l’intérieur? Pourquoi des crisses de votes de reconduction alors que le mouvement se compte par centaines de milliers dans les rues?

C’est quoi votre problème avec la réalité, à la fin?

Peu importe votre magouille, tous celles et ceux qui ne se sont pas laissé-es jeter de la poudre aux yeux par le cirque de la démocratie, nous lutteront encore à faire chavirer la société autoritaire et son ordre totalitaire. Car nous nous sommes prononcé pour la grève générale illimitée. Plusieurs, même, pour une grève sociale infinie. Et toujours plus nombreux-euses et fort-e-s, toujours plus solidaires dans l’action, mondialement, nous continueront de causer des brèches ou de carrément mettre le feu dans votre monde de carton-pâte que vous restituez, même défendez.

Y a pas 400 000 solutions à l’esclavage, y en a que deux: qu’on reste dedans ou qu’on se batte pour s’en libérer.

Deux, aussi, car le monde qu’on désire avoir, pour nous et nos enfants, il commence entre les quatre yeux de deux personnes, et non entre tes deux yeux et l’oeil d‘un télécran du Ministère de la Propagande.

À travers votre collaboration au politique, surtout sa représentation, l’État gagne une fois de plus.

À bas le vote, à bas le Capital.

Pour la continuation de la grève… sociale et infinie!

- d’un(e) vétéran de toutes les grèves étudiantes

 


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