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PASC on Février 10, 2015
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Colombie: Féminicide au sein de la Police Nationale et complicité des médias de communication
(traduction d'un article paru dans Colombia Informa et écrit par Julieta Penagos, communicatrice sociale, membre du Réseau Colombien de Journalistes pour une Vision du Genre et réalisatrice du programme « Ni reines de beauté Ni cendrillons » sur Canal Capital, chaîne de télévision de Bogotá très à gauche et qui fait partie des médias menacés par les paramilitaires, au même titre que Colombia Informa).
« Les crimes passionnels n'existent pas. Ce qui s'est passé au sein de la Police Nationale s'appelle un féminicide. »
Est appelé féminicide l'assassinat de femmes pour leur condition même de femmes : ce sont des crimes de haine. Le terme fut employé la première fois en 1972 au tribunal de Bruxelles par Diana Russel pour dénoncer l'assassinat de femmes en raison de leur sexe.
Ces délits ont de sérieux vides normatifs. Les « jurigenristes » (personnes étudiant le droit avec une conscience du genre, selon la définition du Programme pour une Justice de Genre de la mairie de Bogotá) ont élaboré et proposé au sein du Congrès de la République le projet de loi 049 de 2012 dénommé « Rosa Elvira ». Cette loi a pour objectif central de définir le féminicide comme un crime autonome afin de garantir une enquête judiciaire et de sanctionner les violences faites aux femmes du fait qu'elles sont des femmes.
Nous voyons avec peine que fréquemment les auteurs de féminicide (généralement des hommes), selon des accords faits avec les instances judiciaires du pays, obtiennent des peines minuscules, ce qui prouve la négligence de la loi devant ces crimes et favorise leur impunité.
Le mercredi 21 janvier 2015, un membre de la police nationale s'en est pris à une de ses collègues de travail à l'intérieur de son commissariat avec son arme de service.
Sur les 900 féminicides enregistrés en 2014, 23 cas connus furent perpétrés par des policiers, selon le rapport de la médecine légale et les instances judiciaires de Colombie. Ces situations, réitérées par les membres de la police, existent sans qu'il n'y ait de la part de cette institution une quelconque volonté énoncée pour éviter ces crimes et garantir l'intégrité des femmes.
LES MEDIAS DE COMMUNICATION TRAITENT CE THEME COMME S'IL S'AGISSAIT DE SERIES TELEVISEES
Le quotidien El Espectador, a titré le fait comme « Le feuilleton après les tirs au commissariat » et Las 2 Orillas, a titré « L'histoire passionnelle derrière les assassinats au sein de la direction de la Police ». Les deux journaux se rejoignent dans leur affirmation qu'il s'agissait d'une histoire d'amour, que le crime fut passionnel, que l'agent était en fait mort de jalousie et de désespoir et que l'on ne sait pas ce qu'elle lui a pu lui dire pour qu'il prenne une telle décision.
Mesdames et Messieurs membres des comités de rédaction des médias :
Lorsque vous assurez que l'auteur était jaloux et désespéré, vous justifiez le crime, vous envoyez un message erroné à la société et vous perpétuez le machisme comme modèle de société. Les crimes passionnels n'existent pas.
Ce qui s'est passé au sein de la police s'appelle un féminicide. C'est un crime passible de prison.
Lorsque vous assurez que cette femme est morte parce qu'elle a rompu, vous la culpabilisez et la renvoyez à ce choix-là.
Alors, peut-être que vous ne le faites pas consciemment ou de manière manipulatoire, mais vous devriez savoir que vous êtes des victimes typiques de cette culture dont on a hérité et que vous renvoyez les femmes à leur triste sort.
Une nouvelle tant délicate et sensible doit être remise dans son contexte, faire se souvenir aux hommes et aux femmes qu'illes sont autonomes, qu'illes, face à une situation, peuvent décider d'agir ou non et que les déterminations sociales ne doivent avoir une telle incidence ni dans un cercle familial ni dans celui de ses proches.
Ceux qui génèrent des « informations » doivent nécessairement se former pour comprendre ce que signifie assumer une vision du genre au sein de son travail. Ainsi, peut-être qu'un jour nous pourrions vivre dans un monde plus équitable où les médias de communication cesseraient d'être complices des crimes et des violences faites aux femmes.
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Quebec
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