Montréal, le lundi 1er décembre 2013 – La Concertation des luttes contre l’exploitation sexuelle (CLES) présentait ce matin, à la veille de la rencontre interministérielle sur l’exploitation sexuelle à laquelle elle participera cette semaine, les résultats préliminaires de deux recherches-actions d’une ampleur inégalée au Québec.
La première recherche, portant sur les lieux de l’industrie du sexe à Montréal, met en lumière une réalité qu’il est impossible d’ignorer : l’industrie de l’exploitation sexuelle des femmes et des filles est une industrie qui ne cesse de se diversifier et qui réussit à fleurir en contournant lois et services policiers. Au total, 1077 lieux physiques ou annonces reliés à l’industrie du sexe ont été recensés pour le Grand Montréal, un nombre impressionnant et consternant mais qui ne fait pourtant état que des lieux d’exploitation ayant pignon sur rue ou s’affichant publiquement. De ce nombre, pour l’Ile de Montréal, 74,7% sont des salons de massages dits érotiques.
En parallèle à ce portrait d’une industrie du sexe ayant le vent en poupe, la CLES a également réalisé une analyse des besoins des femmes dans la prostitution. Dans le cadre de cette recherche-action, pas moins de 109 femmes encore actives ou étant sorties de la prostitution ont été rencontrées afin de mieux cerner leurs besoins ainsi que les ressources à mettre en place pour y répondre. Si plusieurs des femmes interrogées éprouvent de la difficulté à identifier et à nommer leurs besoins, laissant transparaître l’impact des diverses formes de violence vécues sur leur perception d’elles-mêmes et leurs capacités à reconnaître leurs désirs ou aspirations, il n’en demeure pas moins que des besoins criants relatifs à l’accès à un revenu, à l’hébergement, à la toxicomanie et aux alternatives à la judiciarisation ressortent clairement des questionnaires et entretiens. De plus, 81% des femmes encore actives dans la prostitution ont affirmé souhaiter en sortir. Ce constat est des plus troublants lorsque l’on apprend que moins de 20% de toutes les répondantes connaissaient l’existence de ressources pouvant les aider à en sortir…
Il ressort de ces deux recherches menées par la CLES qu’alors que l’industrie du sexe prospère, les besoins des femmes dans la prostitution sont grands et les ressources manquent. Cela vient mettre en lumière l’importance cruciale d’une volonté politique claire de rendre illégitime une industrie basée sur l’exploitation sexuelle de milliers de femmes. Pour ce faire, il est impératif de donner aux municipalités les moyens politiques et juridiques, de délégitimer et de lutter contre l’industrie du sexe. Mais au-delà de ces moyens politiques et légaux, il est urgent de soutenir les femmes dans leurs démarches de sortie en mettant en place des ressources et des programmes de soutien financier, en augmentant le parc de logements sociaux et en accordant soutien et financement aux organismes qui leur viennent en aide.
La France est à la veille de se doter d’une législation conséquente avec ses prises de position abolitionnistes qui décriminalisera les personnes prostituées tout en pénalisant ceux qui les exploitent (clients et proxénètes). Cette loi, qui sera votée sous peu, accordera également un fonds de 20 millions d’euros pour le soutien aux femmes en processus de sortie de la prostitution. La volonté politique des éluEs montréalais et québécois de lutter contre l’exploitation sexuelle des femmes et des filles doit elle aussi aller de pair avec des engagements clairs en vue de soutenir et d’offrir des alternatives réelles à celles qu’elle entend protéger.
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