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«Printemps québécois» : climat insurrectionnel et répression martiale

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Les émeutes qui ont perturbé, vendredi dernier, l’ouverture du Salon Plan Nord organisé par la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, ne relèvent pas d’un fait divers. Elles s’inscrivent dans un contexte de radicalisation de la contestation contre un gouvernement entaché par de nombreuses allégations de corruption et, plus fondamentalement, contre le système économique et politique néolibéral que ce gouvernement représente. Cette radicalisation de la lutte sociale s’exprime à la fois à l’intérieur et en marge d’un mouvement étudiant d’opposition à la hausse de frais de scolarité. Dépassant largement la vague étudiante, un climat insurrectionnel est en train de s’installer dans ce «printemps québécois». Ce à quoi le gouvernement répond par une répression de plus en plus ouvertement martiale.

Selon le Larousse, la répression se définit comme étant l’action d'exercer des contraintes graves, des violences sur quelqu'un ou un groupe afin d'empêcher le développement d'un désordre. Dans le contexte actuel de révolte (légitime ou illégitime, selon les points de vue), les autorités publiques ont plus que jamais recours aux forces policières pour réprimer la contestation populaire qui trouble non seulement l’ordre public, mais qui remet également en question l’ordre politique. Ce faisant, les autorités invoquent implicitement le monopole de la violence de l’État pour légitimer la violence physique employée dans le cadre des interventions policières pour encadrer ou disperser des manifestations pourtant démocratiques.

Le fait que certaines manifestations soient déclarées illégales n’enlève rien à leur légitimité démocratique. Les libertés d’expression et d’association sont protégées par les chartes des droits et libertés qui sont les fondements de la démocratie moderne, bien avant le code de la sécurité routière ou le code criminel généralement invoqués pour dissoudre les attroupements. Si le recours à certaines tactiques d’action directe ou de désobéissance civile est contraire à la loi ou à la règlementation municipale, les personnes qui posent des gestes illicites (i.e. : bloquer une route, occuper un bureau, briser une vitre) n’en sont pas pour autant des malfrats ou des voyous. Elles s’exposent à des sanctions légales en toute conscience de cause et assument les conséquences juridiques de leurs actes. Ce ne sont ni des vandales, ni des terroristes, ce sont des activistes qui remettent en cause la primauté de la propriété privée sur la personne humaine et le monopole de la violence de l’État. Leurs cibles sont principalement matérielles et symboliques : banques, commerces, médias de masse, ministères, etc. Lorsque des protestataires s’en prennent directement à la police, c’est généralement en légitime défense face à une violence systématique mettant en cause leur intégrité physique et morale.

Non seulement, les tactiques utilisées par les forces de police sont-elles souvent brutales et disproportionnées en regard du degré de résistance qui leur est opposé, elles sont aussi parfois anti-démocratiques. De fait, les arrestations de masse pratiquées par le Service de police de la ville de Montréal (SPVM) ont été condamnées, dès 2005, par le Conseil de droits de l’Homme de l’ONU. Or, depuis le début de la grève générale étudiante, en février dernier, plus de 460 arrestations ont été rapportées à Montréal, dont 226 lors de la manifestation contre la brutalité policière du 15 mars et 89 autres samedi dernier. Dans l’ensemble du Québec, ce sont plus de 850 arrestations qui ont été rapportées, dont 486 depuis le 17 avril. À titre de comparaison, durant la Crise d’octobre 1970, 457 personnes avaient été mises en détention sous la Loi de mesures de guerre.


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