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Une Marche mondiale contre les abattoirs : idéaliste, extrémiste ou réaliste?

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FESTIN ET FAMINE par Frédéric Back
FESTIN ET FAMINE par Frédéric Back

(Cet article a été publié d’abord sur le blogue http://fermons-les-abattoirs-mtl.org)

Par Marion A.
Traduction : Claire Pochon

En ces temps où le conservatisme est de rigueur, les nouveaux activistes sont souvent intimidés et découragés par le fait que la résistance au statu quo, aussi subtile que puisse être leur rébellion, soit automatiquement qualifiée d’extrémiste et diabolisée. Il est compréhensible, mais aussi tragique, que ces activistes, dans leur désir d’avoir l’air aussi ‘normaux’ que possible, restent sur la défensive. Tragique parce que notre peur d’être mis à l’écart est paralysante et crée une distorsion de la pensée, de la créativité, et de notre vision des choses.

Le grand défi est de se libérer, de libérer notre esprit de toutes ces pensées polluantes afin d’entrevoir et de construire un monde différent. Un monde libéré de toute exploitation et de toute torture faite aux animaux.

Quelles sont ces pensées polluantes? Les sociologues appellent ‘contrôle social informel’ les pratiques utilisées visant à réduire toute résistance politique au néant, tels que le sarcasme, le ridicule et l’humiliation.

‘Oui mais t’es juste un hippie, ce que tu proposes n’est pas réaliste’
‘Tu es tellement idéaliste, naïf, tu ferais mieux de te trouver un boulot…’
‘Les gens mangeront toujours de la viande’
‘On ne peut pas changer les gens’
‘Tu es trop sensible, tu devrais t’endurcir un peu et accepter le fait que les humains se trouvent au-dessus, dans la chaîne alimentaire.’

Et ainsi de suite.

La plupart d’entre nous ont une profession, un métier à temps plein et se battent pour la cause jusque tard le soir. L’activiste fait face au défi d’avoir à se battre et tirer le meilleur de la situation avec des moyens très limités. Nous oublions souvent que notre atout le plus grand réside dans notre enthousiasme, notre énergie et notre vision du monde. Bon nombre d’entre nous ressentent grandement le besoin d’avoir plus d’espace pour pouvoir penser librement aux nouvelles possibilités d’une société exempte de toute oppression. Et pour ce faire, nous devons nous libérer de cette peur de paraître irréalistes, idéalistes, ou extrémistes. N’oublions pas que dans ce courant actuel de complaisance, n’importe quel défi ou changement aux habitudes apparaîtra effrayant et extrême.

Rappelez-vous que cette Marche se veut une affirmation importante et claire : nous n’acceptons pas le statu quo. Le statu quo qui est que plus de cent millions d’animaux meurent par jour. Abattus, démembrés, pour que les humains puissent s’en nourrir. La notion même d’un endroit spécifique pour les massacrer n’est que folie!

Nous posons sincèrement la question: comment pouvez-vous accepter qu’il existe un endroit où des êtres vivants, dotés d’intelligence et de sensibilité, se fassent régulièrement et systématiquement abattre? Et pour que cet endroit soit une institution, qu’est-ce que cela nous apprend sur notre société? Et de VOTRE participation au massacre, qu’est-ce que cela vous apprend sur VOUS-MÊME? Votre morale? Et la valeur que vous accordez à une vie?

Les abattoirs ne sont pas un fait banal. C’est une invention relativement récente, qui a atteint des proportions stupéfiantes au 20e siècle, époque du meurtre de masse. Alors qu’il semble aisé de juger le Génocide Nazi, nous oublions, quand ça fait notre affaire, les connections historiques et les parallèles : le même déni de la vie d’un autre être vivant, différent de nous.(1)

Comme par hasard, nous nions les faits suivants :
L’être humain n’a pas besoin de tuer d’autres animaux pour vivre une vie satisfaisante et en santé;(2) Les cochons, les poulets, les vaches ont une intelligence; Les poulets ont une organisation sociale. Les vaches sont dotées de sentiments et il en va de même pour tous ces êtres vivants, non-humains: leur vie n’est pas dépourvue de valeur.

Finalement, nous tuons inutilement ceux qui ne veulent pas mourir.(3) Nous demandons aux carnivores de regarder la situation honnêtement. De prendre un moment pour réfléchir avant d’avoir recours aux excuses habituelles.

Et nous posons la question suivante à tous les végétariens, aux amis des animaux, et même aux végétaliens non politisés : Croyez-vous vraiment que notre peur des activistes extrémistes des droits des animaux nous permettra d’accéder à une place au sein de la classe moyenne?(4) Que cela servira la cause des droits des animaux, ou que le végétalisme apparaîtra plus attirant au grand public? Oui, peut-être pour une courte durée, mais le risque est que la philosophie végétalienne soit considérée comme une mode passagère. Les arguments des défenseurs des droits des animaux seront balayés s’ils ne sont pas enracinés dans un engagement politique par des végétaliens solidaires quelles que soient les barrières culturelles, les classes sociales, l’éducation et la langue. Le vin végétalien c’est bien, mais nous devons aller plus loin.

Cette Marche appelle au changement culturel de fond, pose des questions dérangeantes, et demande au public de s’engager dans un dialogue profond extrêmement difficile. Dans ce contexte conservateur où la complaisance est de bon ton, une critique publique des abattoirs semble radicale. Pas étonnant! Puisque c’est le plancher de la mort qui incarne la violence absolue sous le mince verni de notre société. Le mythe de la viande éthique, les ‘Joyeux Festins’ des fast-foods, les bonnes manières à table et tous ces faux-semblants ne sont là que pour masquer l’horreur que nos vies confortables cachent. Mais la bonne nouvelle est que nous pouvons littéralement faire voler en éclats toutes ces conventions, si nous continuons à nous battre!

Bon nombre de personnes ne veulent pas connaître la vérité des abattoirs. Ils se racontent des histoires et se laissent porter par des campagnes publicitaires propres et tape-à-l’œil. Mais en participant à la Marche pour la Fermeture des Abattoirs, vous allumez une lueur d’espoir réaliste

Actuellement, les abattoirs existent.
Faisons cesser le massacre. Ensemble!

___________________________________
Lectures suggérées :

1 “Un éternel Treblinka” par Charles Patterson, PhD.
2 Position Statement of the American Dietary Association (ADA) PDF version: http://www.eatright.org/About/Content.aspx?id=8357
3 http://fcmconference.org/img/CambridgeDeclarationOnConsciousness.pdf
4 ”Green is the New Red: Activism is not Terrorism” by Will Potter.


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Kim Dockstader (Dockstader)
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About:

Je suis une journaliste indépendante formée par le travail de terrain des luttes alternatives et radicales. J'ai travaillé collectivement durant la dernière année et je me remets à produire seule certains photoreportages d'événements et enregistrements vidéo de conférences. Je suis préoccupéEs par la défense de la terre et de sa biodiversité ainsi que par la protection et la création de modes de vie soutenables tout comme de relations égalitaires entre les humainEs. Je couvre principalement des événements anticolonialistes, féministes et/ou antispécistes. http://www.youtube.com/channel/UCgK0tvTZQbPg43BUa96CmVw http://www.flickr.com/photos/77722734@N08/ (Photo du profil prise par Guillaum Gibault, photographe naturaliste)

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