(présentation telle qu'enregistrée avec ajustements sonores à certains débuts)
Les attaques du 13 novembre à Paris ayant causé la mort de 130 personnes sont certes une tragédie, mais celle-ci existe seulement dans le contexte d’un processus continuel de violence et de guerre dans lequel la France, l’OTAN, les États-Unis et le Canada ont été d’importants acteurs. Lorsque François Hollande déclare « nous sommes en guerre », il dit certes une vérité, mais celle-ci est isolée de son contexte historique démontrant que la France a toujours été en guerre contre ceux qu’elle tente d’opprimer et de dominer.
Depuis le début du 19e siècle, la France a démembré l’Afrique et le Moyen-Orient pour les bénéfices de son empire colonial, laissant dans son sillage une violence sans précédent dont les traces sont encore visibles aujourd’hui. Le rôle de la France n’a guère changé depuis. Ceci est démontré par une myriade d’interventions (p.ex. l’Opération Serval au Mali) et son support sans faille à la colonisation et l'apartheid israélien. Sur le plan national, le président Hollande a déclaré une « guerre sans merci » contre l’ÉI, en Syrie, et a appelé à « l’unité nationale » en réponse aux attaques du 13 novembre. Ce discours a été repris sur la scène internationale en associant « Daesh » et le terrorisme comme un « ennemi commun », voire un « mal commun ».Parallèlement, les grands médias de masse font très peu, ou pas du tout, référence au contexte ayant donné naissance à l’EI, à savoir l’invasion puis l’occupation de l’Irak, ainsi que l’utilisation de politiques sectaires par les puissances régionales afin de réprimer les mouvements sociaux progressistes dans le monde arabe (p.ex. au Yémen, au Bahreïn, en Syrie et en Irak) dans des conditions économiques déjà très fragiles. La tentative de la France de créer une grande coalition afin de renforcer la présence militaire déjà en place dans la région n’aura pour seules conséquences que de favoriser le sectarisme et de troubler davantage la région et la vie du peuple syrien.
En France, comme à travers l’Europe et l’Amérique du Nord, la montée de la xénophobie, de l’islamophobie et du racisme anti-arabe ne peuvent être compris sans faire attention aux phénomènes plus larges que sont le colonialisme, l’impérialisme et la guerre. Ainsi, les logiques du colonialisme et de l’impérialisme reposent sur la construction sociale et politique d’un « ennemi ». Les images de femmes voilées dont le sac à main est fouillé par des soldats belges ou alors les points de contrôle devant les mosquées parisiennes démontrent seulement l’oppression perpétuelle subie par les musulmans et les personnes « arabisées » en France, en Europe et ici en Amérique du Nord.
Cette table ronde vise à créer l’espace nécessaire à la formulation de discours alternatifs et à une compréhension plus approfondie des événements se déroulant présentement en France et qui transforment le Moyen-Orient. De surcroît, cet événement mettra en lumière les conséquences toujours actuelles du colonialisme français. Au final, cette table ronde a pour objectif ultime de favoriser la solidarité et la justice afin de combattre le racisme et la xénophobie visant les immigrant-e-s et les personnes migrantes, pas seulement en France, mais aussi ici au Canada.
NOS INVITÉ(E)S :
HOUDA ASAL
Post-doctorante, Université McGill, Montréal. Titulaire d'une thèse portant sur la présence arabe au Canada, cent ans d'histoire, entre constructions identitaires et de mobilisations politiques. Elle a publié plusieurs articles sur les associations, la construction identitaire et les mobilisations politiques de la minorité arabe au Canada et sur les politiques d'immigration de l'Etat canadien. Elle travaille présentement sur l'islamophobie et la question musulmane en France et au Canada. Elle a étudié le concept d'islamophobie et les enjeux qu'il révèle, et mène une recherche sur les mobilisations contre l'islamophobie en France depuis 3 ans. Elle continue cette recherche au Québec. Publications : https://mcgill.academia.edu/HoudaASAL
JOONED KHAN
Jooneed Jeeroburkhan, 70 ans, est journaliste, écrivain et activiste des droits humains à Montréal. Il est retraité du quotidien La Presse, après 35 années comme chroniqueur de politique internationale. Il a visité une soixantaine de pays, dont l’Irak où il a passé trois mois en 2003 sous les bombes et l’occupation étatsuniens. Ne à Quatre Bornes, il a grandi à Saint-Pierre, et étudié au RCC, et au Canada sur une bourse du Commonwealth. Il a co-fondé le MMM (Mouvement militant mauricien) en 1969. Rompant sur un profond désaccord avec Paul Bérenger et Dev Virahsawmy, il a émigré au Canada en 1970, où il est aujourd’hui grand-père.
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