Le lendemain de la manif historique du 15 mars 2012 contre la brutalité policière à laquelle des milliers de gens ont participé, le maire de Montréal Gérald Tremblay s'est dit « dégoûté » par les images de vandalisme (mais pas par la brutalité de ses policiers). Il a déclaré qu'il voulait interdire le port des masques dans les manifs et même refuser d'accorder un « permis » pour manifester si les organisateurs-ices refusent de fournir leur trajet aux policiers.
Pourtant, on sait que ce « permis » n'existe pas vu que les Chartes des droits et libertés québécoise et canadienne protègent théoriquement le droit de manifester pacifiquement, le droit de s'assembler et la liberté d'expression... Quant au port du masque dans les manifs, il y a plein de raisons de se masquer, comme pour garder l'anonymat ou pour ajouter un élément artistique et festif à une dénonciation. Surtout quand on dénonce un système qui criminalise les gens par association, car le seul fait d'être présent dans une manif déclarée illégale par la police peut mener à des condamnations.
En plus il existe déjà un article du Code Criminel du Canada qui interdit de se « déguiser » dans le but de commettre un crime, donc un règlement municipal contre les masques ne serait qu'un outil de plus dans l'arsenal des policiers pour faire de la répression politique. Comme si les dizaines d'anti-émeutes, les grenades assourdissantes, les gaz et le poivre, les flics à vélo, les chiens, la cavalerie, l'hélicoptère, les accusations de participation à un attroupement illégal ou à une émeute, les tickets P-6 pour manif illégale ou le ticket pour l'article 500.1 du Code de la Sécurité Routière pour « avoir participé à une action concertée destinée à entraver la circulation routière », les arrestations de masse de milliers de manifestants depuis les années 1990 ce n'était pas assez...
L'administration Tremblay avait parlé d'adopter un tel règlement en 2009, mais ils avaient reculé devant les critiques de défenseurs des droits et libertés de même que la contestation de militantEs regroupés dans le collectif Gros Bon Sens qui avait organisé un Bal Masqué à l'Hôtel de Ville en janvier 2009. Le nom de ce groupe était dû aux commentaires des représentants du SPVM qui disaient aux gens de faire confiance au « gros bon sens » de ses agents pour l'application du règlement anti-masques... Ce nouveau ticket fait partie des demandes de la Fraternité des Policiers et Policières de Montréal depuis plusieurs années. Le président du syndicat policier Yves Francoeur, pour qui la police est « une institution paramilitaire », dit que les pauvres policiers n'ont pas une job facile et qu'ils avaient besoin d'un prétexte de plus pour arrêter des manifestantEs... Suite au 15 mars dernier le maire Tremblay a ordonné à la Commission de Sécurité publique de la Ville de réviser « tous les règlements municipaux » en lien avec les manifs pour éviter les « débordements » et mieux les réprimer.
Les agents du SPVM procèdent déjà à des fouilles abusives, des arrestations préventives et illégales (arrêter des gens avec des pancartes et drapeaux sous prétexte que le règlement anti-manif P-6 interdit d'avoir un bâton « sans motif raisonnable ») et à des arrestations de masse même si l'ONU a critiqué cette tactique en 2005. Il existe des règlements municipaux qui interdisent aux piétons de marcher dans la rue et « d'émettre un bruit audible ». Sans oublier que le Père Noël et le Bonhomme Carnaval seraient eux aussi passibles d'amendes si l'administration Tremblay adopte un tel règlement... Mais les policiers eux auraient le droit de continuer à porter des cagoules pour des raisons de « sécurité publique » bien-sûr. Manifestons masqués contre la répression et pour le droit de manifester librement!
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