Dans l'actualité, la police de Montréal veut interdire les insultes à son égard lorsque ses agent-es sont en service. À Québec, il est déjà interdit d'insulter ou même d'être grossier à l'égard d'un-e agent-e de police. Le maire Labeaume a d'ailleurs lui-même reçu une contravention de 75 $ plus 25 $ de frais pour avoir insulté un policier lors d'un match de football en 2008.
Le Règlement sur la paix et le bon ordre (R.V.Q. 1091, adopté en 2009) stipule :
8. Il est interdit d'insulter ou d'injurier une personne se trouvant dans une rue ou dans un endroit public.
9. En outre de ce que prévoit l'article 8, il est interdit d'injurier ou d'insulter un agent de la paix ou un fonctionnaire municipal dans l'exercice de ses fonctions ou de tenir à son endroit des propos blessants, diffamatoires, blasphématoires ou grossiers [...]
Sauf que...
Après plusieurs années à militer pour les droits humains sociaux, à manifester et à écouter parfois les témoignages de gens « de la rue », on découvre un fait objectif et troublant : certains policiers se défoulent à grands coups d'insultes violentes, ordurières et vraiment indignes, et ce, directement auprès des victimes. Cela est malheureusement un fait, et non une rumeur, et certains cas ont des effets néfastes.
* Une femme prostituée et toxicomane à l'époque a un choc quand, dans l'autopatrouille, les policiers font une séance d'insultes ordurières pendant ce qui lui semble une longue heure. Elle n'en revient pas et se demande bien alors qui va la croire. Ces femmes ne vont pas en parler aux médias et ne vont surtout pas vouloir affronter ces hommes méprisants dans un processus de déontologie.
* Un jeune sur la rue, qui ne sait plus s'il croit encore en la vie, en la société ou même en lui-même se fait traiter verbalement comme une ordure par des agent-es. Ces agent-es viennent le confirmer dans son désespoir. Ce soir-là, l'idée du suicide hantera ses pensées. Et si une jeune personne ou une moins jeune se suicide, ce sera dans le silence...
* Tout récemment, des jeunes manifestant contre la loi spéciale débarquent d'un autobus —où ils étaient détenus— pour se faire lancer de grossières insultes par un agent. La colère gronde. Un autre agent, plus sage, vient les écouter.
Quand certains agent-es insultent ou même méprisent violemment, les conséquences sont graves pour tout le monde. Indirectement, plusieurs finissent même par ne plus faire confiance au système de justice, ce système qui sert justement à nous éviter la violence.
Une minorité indigne portant atteinte à notre société
Il ne faut pas se méprendre : il s'agit d'une minorité d'agent-es de police qui commet ces étranges gestes illégaux. Évidemment, la population n'en saura rien, car ces prédateur-trices choisissent bien leurs victimes, soient des personnes marginalisées semblant n'avoir aucun pouvoir. Faut-il publier des preuves ici pour savoir que ces exemples surviennent à Québec ? Non, nous savons tou-tes que cela arrive. Combien parmi les victimes portent plainte à la déontologie policière ou croient que ce processus donnera un résultat ? L'aide juridique aussi manque à l'appel...
Évidemment, le mépris violent n'est qu'un exemple, qui n'aborde pas les autres formes de violence et d'abus.
On peut comprendre la logique voulant qu'il soit interdit d'insulter les personnes qui ont pour mandat de faire appliquer les lois collectives, mais allons droit au but : il y a des agent-es qui devraient perdre leur emploi si de tels comportements violents se répètent même après un processus d'aide. Il faut mettre fin au système de déontologie policière et le remplacer par un service d'enquête sérieux qui mettra à la porte les agent-es n'étant pas capable de savoir-vivre, de civisme et de jugement, car les conséquences sont néfastes pour notre société. Un tel système serait d'ailleurs bénéfique pour l'honneur et le respect de la majorité des agent-es de la paix qui respectent leur mandat humain et social.
- Michaël Lessard (www.reseauforum.org)
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