Un 8 mars qui mène à l’action
Près de 180 femmes et leurs supporteurs ont pris part à la Journée d'échanges et de discussions organisée par Femmes de diverses origines au centre communautaire Côte-des-Neiges, le 4 mars dernier. Un événement célébrant, à travers la parole et différentes cultures, le courage des femmes haussant leur voix contre l'exploitation minière canadienne et la destruction par cette dernière de la Terre-Mère. Cette journée chargée d'interventions, s'est conclue par la lecture d'une déclaration dénonçant les dommages environnementaux, sociaux et politiques vécus par les femmes et leurs communautés ainsi que la nécessité de prendre actions contre les minières canadiennes.
En complément de ce compte-rendu, nous avons ajouté dans la section audio de ce site le témoignage de Lesvia Vela et deux entrevues réalisées par Kim Dockstader avec Maude Chalvin du Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC) ainsi que Marie-Claude Manga du Beaconsfield Initiative.
D’abord, présentons Femmes de Diverses Origines de Montréal (FDO). C’est une alliance d'organisations1 de femmes de différentes communautés; des femmes militantes notamment originaire des Philippines, du Sud-Asiatique, d’Amérique du Sud et d’organisations telles que le Mouvement contre le viol et l’inceste et le Centre des travailleurs et travailleuses immigrantEs (CTI-IWC). Plus précisément, le comité organisateur de l’événement, le comité du 8 mars de FDO, est constitué de bénévoles liées de près à cette alliance. Conscientes des réalités et des valeurs des femmes allochtones et autochtones d'ici et d'ailleurs, le comité organisateur a choisi de célébrer la Journée Internationale des Femmes cette année sous le signe de la résistance internationaliste des femmes contre les minières. Cette 11e édition a eu pour thème « Les Femmes résistent à l'exploitation par les minières canadiennes... pour la défense de la Terre-Mère ».
Tisser des liens à travers l'échange et la culture
Pouvoir entendre les témoignages poignants de femmes, dont Lina Solano du Front des femmes défenseures de la Pachamma2 en direct de l'Équateur, de Lesvia Vela, Marie-Claude Manga et Maude Chalvin respectivement de retour des Phillipines et de Colombie, est déjà très éclairant sur les luttes menées en ce moment-même par les femmes. C'est encore plus vibrant de pouvoir discuter directement avec certaines d'entre elle. C'est l'un des points marquant de cet événement pour nous, l’atelier de groupe en après-midi. Les occasions sont rares où à l’intérieur même de la programmation de tel événement rempli de discours et d'informations, est alloué un temps où participantes et militantes expérimentées discutent ensemble, à voix égale, afin d’élaborer des actions, parler des campagnes à mener,...
D’ailleurs, à maintes reprises l’on a pu entendre l’expression, agréablement repris par les médias communautaires, quant à l’existence des divers « Plans Sud» des minières canadiennes, bien connus des femmes du Guatemala, du Congo et des Philippines depuis les cinquante dernières années. Devant l’annonce du Plan Nord au Québec, le partage avec ces femmes, la création de liens, la circulation de l'information, de leur vécu et la mobilisation de la population ici et ailleurs est d’autant plus urgente. Plus qu’une journée d’informations, l’événement s’est avéré aussi être un lieu où créer des liens entre participantEs.
Deuxième point, se fut la place offerte à l’expression de la résistance des femmes tant par la parole que la musique, la danse, les bannières et le vidéo documentaire. Cette complicité des différentes formes de communication démontre à quel point le partage de cette opposition aux minières s'encre également à travers la culture des femmes. On pense entre autre aux choix musical de Carmen Pavez qui, accompagnée de sa guitare, est venue chanter quelques morceaux dont l'un de la chilienne Violetta Parra, opposante aux exploitateurs miniers. Les Femmes des Cordillières nous ont également présenté l'une de leur danse traditionnelle. Rappelons que le mouvement de masse des peuples de la Cordillère contre le barrage de Chico et la Cellophil Resources Corporation ont menées à la défense intransigeante de leurs terres ancestrales et le droit à l'autodétermination.3
Bref, la lutte des femmes n'en est pas une restreinte à l’opposition à ce qui les unies exclusivement, mais s’intègre aussi concrètement à ce qui les unies contre le système impérialiste et le bien-être4 de leurs peuples et des prochaines générations. Comme le rappelait Lina Solano, la voix des femmes s'opposant aux minières est difficilement prise en compte du fait d'être insufflée par des femmes. Alors, le mieux que nous puissions (et savons) faire, c'est de faire résonner encore plus fort leurs messages...
( Voir section audio )
Segment 1 : Lesvia Vela, originaire du Guatemala, 2min18.
Segment 2 : Rév. Marie-Claude Manga, Beaconsfield Initiative, Église Unie du Canada, 11min27.
Segment 3 : Maude Chalvin, Projet Accompagnement Solidarité Colombie (PASC), 16min39.
Kim et Annick Dockstader
1 Pour visiter leur site web: http://wdofdo.wordpress.com/
2Pour visiter le site du Front des femmes défenseures de la Pachamama : http://defensoraspachamama.blogspot.com/
3Voir le site « Cordillera Peoples Alliance » : cpahils.org
et plus précisément www.cpaphils.org/campaigns/A%20History%20of%20Resistance.rtf
4L'expression plus juste utilié par FDO dans leur annonce de l'événement du 4 mars est en anglais : livelihood.
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