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Pour un abolitionnisme révolutionnaire !

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Pour un abolitionnisme révolutionnaire !

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La défense de ''la libre disposition de notre corps'' semble une position
particulièrement libérale et davantage occidentale née de la révolution bourgeoise, de l'individualisme, de l'atomisation, de l'absence d'une réelle appréhension des structures, des fondements, des dispositions des différents systèmes de domination, d'exploitation, d'oppression. Dès notre enfance, nous sommes coloniséEs par des systèmes de classe, de genre, de race... Nous avons appris la soumission ainsi que la domination selon notre positionnement au sein de ces systèmes ainsi que de nos conditions particulières d'existence.

Nous, hommes, de par nos conditionnements et souvent par nos choix, abusons. Nous abusons entre autres de la sexualité des femmes pour notre plaisir ainsi que pour y instituer notre pouvoir. Nous tendons d'une manière systémique à vouloir conquérir les femmes, les posséder, les marchandiser, les humilier, les réduire à des objets de consommation pour notre propre jouissance et celle de nos pairs.

Le débat toujours actuel sur la prostitution qui fait s'opposer les défenseurEs du
droit de se prostituer et les abolitionnistes nous ramène entre autres à ce
questionnement de cette soi-disant ''libre disposition de notre corps''.

Dans un monde administré, il me paraît aberrant de parler de cette ''libre
disposition de notre corps''. Rien n'est réellement libre dans cet univers. Nous nous gardons dans l'illusion de cette liberté soit pour justifier nos privilèges soit pour ne pas nous avouer nos chaînes.

La condition de prostitution est une autre forme parmi d'autres de la
marchandisation du corps particulièrement des personnes les plus dominées, les plus exploitées : pauvres, femmes, autochtones, immigrantEs... Bien sûr, des individuEs constituéEs par d'autres conditions peuvent être prostituéEs, mais il apparaît évident que plus les conditions d'oppression sont réunies dans des individuEs plus la prostitution s'avère sordide. Les femmes prostituées surtout autochtones tuées et disparues en sont un des exemples ultimes.

Plus souvent qu'autrement, légitimer la prostitution s'avère légitimer
l'exploitation.

L'exploitation est généralisée aussi dans ce monde. Parfois, être payéE au minimum
et travailler des heures et des heures sous les ordres d'un patron peut se révéler
pour différentes personnes une pire solution que la prostitution au même titre que
l'assujettissement plus permanent dans le mariage ou ce qui lui ressemble. C'est
pourquoi au-delà de la prostitution qui apparaît sordide, c'est tout le monde
gouverné qui l'est. Dans ce cadre, aucune solution fondamentale pour contrer l'acte de se prostituer peut se développer sans une rupture révolutionnaire.

Ce n'est pas que le sexe soit sale en soi, mais plutôt comment nous l'avons appris
enracinéEs dans ces systèmes. Ce n'est pas que le choix d'une exploitation plutôt
que d'une autre soit une question de bien et de mal, mais que toute exploitation
nuit à notre émancipation personnelle et commune.

Une position révolutionnaire abolitionniste n'est pas nécessairement morale. Elle
est plutôt une considération venant de la compréhension des différents systèmes qui
nous dominent et une volonté d'en finir, d'en découdre.

Me sentant en rupture avec toute position pro-prostitution, je me sens néanmois en
mal par rapport à la position abolitionniste des hommes pro-féministes bourgeois et
de classe moyenne blancs ainsi que des femmes féministes bourgeoises blanches qui
trop souvent dénoncent l'exploitation sexuelle comme si elle était ultimement grave et que les autres ne le sont pas tant que ça. Je sens trop qu'il pourrait être question dans leur position de s'opposer à la prostitution, mais pas nécessairement à tout ce qui l'a permet comme toute autre forme d'exploitation. Ce qui les conduit à faire intervenir davantage un État patriarcal, capitaliste, colonialiste.

L'État est un instrument de notre assujettissement. L'abolition de l'exploitation
présuppose donc forcément l'abolition de l'État et non son intervention.

Criminalisation, décriminalisation, légalisation ou son contraire... Tous ces concepts sont fondamentalement étatistes ou tout au mois prennent pour acquis
l'existence de l'État. D'une manière ou d'une autre, elles donnent du pouvoir aux
États, aux cours, aux flics... à une partie de la machinerie
patriarcale-capitaliste-colonialiste ou de l'autre côté du même monde à
l'exploitation commerciale patriarcale-capitaliste-colonialiste.

Est-ce que nous pourrions prendre pour acquis qu'en majorité nous sommes obligéEs de nous vendre dans ces systèmes pour pouvoir enfin développer de réelles perspectives de ruptures ? Envisager que si nous en finissons pas avec ce monde, nous serons toujours forcéEs de nous prostituer d'une manière ou d'une autre ? Que tant que nous ne mettrons pas fin à ces systèmes, le sexe pour certainEs, probablement la majorité, aura toujours un goût amer, sera violent, un gage d'abus... au-delà de tout discours sur la soi-disant ''libération sexuelle'', sur la soi-disant ''libre disposition de notre corps'' ou encore sur la fameuse ''post-pornographie'' ?

 


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