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Déclaration au sujet des informateurs, des agents provocateurs et du conflit au Nouveau-Brunswick

18 octobre 2013. Zig Zag, Warrior Publications.

by «traduit à Montréal par des anarchistes sexy»Zig Zag

Image accompagnant l'article sur warriorpublications.wordpress.com
Image accompagnant l'article sur warriorpublications.wordpress.com

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(Texte original à http://warriorpublications.wordpress.com/2013/10/18/statement-on-provocateurs-informants-and-the-conflict-in-new-brunswick/)

Dans la foulée du raid de la GRC au blocage en résistance à la fracturation hydraulique au Nouveau-Brunswick, en territoire mi'kmaq, une théorie conspirationniste circule prétendant que les six véhicules de police incendiés auraient été l'acte d'informateurs policiers agissant comme agents provocateurs.

En particulier, un individu a été identifié et dénoncé publiquement comme informateur pour la police : Harrison Friesen. On a laissé entendre qu'Harrison, ainsi qu'une ou deux autres personnes, seraient responsables d'avoir lancé plusieurs cocktails Molotov en direction des lignes policières et d'avoir incendié les véhicules de la police.

Nous avons vu des théories similaires êtres alimentées après les manifestations contre le G20 à Toronto en 2010, où quatre voitures de flics ont été incendiées dans les rues du centre-ville. Les théoriciens et théoriciennes du complot ont tout de suite allégué que la police avait mis le feu à ses propres véhicules pour justifier l'opération policière massive et la répression violente des manifestantes et manifestants.

Pas un seul élément de preuve n'a émergé pour justifier ces théories à propos des manifestations contre le G20, et elles demeurent de simples spéculations.

Harrison Friesen s'est fait connaître en 2010 en tant que leader du Red Power United (RPU). À cette époque, il avait émis un communiqué contre l'incendie d'une succursale de la RBC à Ottawa. J'ai envoyé un courriel à son groupe en exprimant mon profond désaccord avec sa dénonciation de l'attaque.

Juste avant le sommet du G20 à Toronto, Harrison a arrangé une rencontre avec des agents du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS), qui lui avaient demandé un entretien. Inconnu du SCRS, Harrison avait également contacté des journalistes du RTPA (Réseau de télévision des peuples autochtones) qui ont filmé la rencontre à l'insu du SCRS.

Pendant la diffusion au RTPA, mon courriel est apparu à l'écran pour quelques secondes, insinuant que j'étais impliqué dans l'attaque contre la RBC. La chaîne avait obtenu mon courriel par le biais d'Harrisson.

Un coup chien, s'apparentant aux méthodes d'un informateur? Définitivement. Mais ça ne prouve pas qu'Harrison en soit un, seulement qu'il est opportuniste. Ces trois dernières années, davantage de personnes ont avancé des allégations contre Harrison, la plupart le décrivant comme un « movement hustler » [quelqu'un qui s'impose en meneur du mouvement – NDLT] et ayant des comportements abusifs à l'égard des femmes.

En fait, malgré ces nouvelles allégations contre lui, incluant un mème qui circule largement l'accusant d'être à la fois un informateur pour la police et pour la CIA (!), il n'y a aucune preuve qu'Harrison soit réellement un informateur. Ce ne sont que des spéculations.

Pour appuyer l'affirmation selon laquelle la police participerait à l'incendie de ses propres véhicules (encore une fois, pour justifier ses actions répressives), les adeptes des théories conspirationnistes ont trouvé un exemple concret où la GRC a fait exploser une « installation pétrolière ».

Le 15 octobre 1999, la GRC a fait sauter une remise inutilisée appartenant à la compagnie pétrolière AEC, dans le nord de l'Alberta. L'explosion n'a entraîné aucun effet sur la production pétrolière et avait pour objectif de renforcer la crédibilité d'un informateur : Robert Wraight, aussi connu comme l'agent K4209.

L'attentat faisait partie de l'Opération Kabriole, rassemblant les efforts de la GRC pour piéger Wiebo Ludwig. Wiebo et sa famille étaient une épine dans le pied de l'industrie pétrolière en raison de leur opposition déterminée à celle-ci. La police a travaillé étroitement avec les compagnies pétrolières, incluant AEC, pour neutraliser les Ludwig, qui étaient soupçonnés de mener une campagne de sabotage contre l'industrie.

Dans le cadre de la résistance contre les compagnies pétrolières, des routes avaient été bloquées, des oléoducs percés de trous et des installations endommagées. Aucune de ces actions de sabotage n'a été rapportée par les médias, bien qu'elles aient été documentées dans le livre Saboteurs, écrit par Andrew Nikifouk et publié en 2002. Il est à noter que ces attaques de petite échelle ont réellement eu une incidence sur l'industrie, alors que le bombardement par la GRC n'en a pas eu.

Selon ceux et celles qui ressortent ces vieilles nouvelles, si la GRC est prête à faire exploser une « installation pétrolière » dans le nord de l'Alberta, qu'est-ce qui l'empêcherait de brûler ses propres véhicules au Nouveau-Brunswick?

La question est : dans quel but? Dans le cas du bombardement en Alberta, cela faisait partie d'efforts extensifs pour insérer un informateur dans le cercle social de la famille Ludwig. Au Nouveau-Brunswick, on nous dit que ce serait afin de justifier les actes de répression exécutés par la GRC. Mais ces actes de répression étaient déjà en train de se produire bien avant que les véhicules de la police soient incendiés.

Dans ses propres déclarations, la GRC justifie le raid sur les bases de prétendues menaces faites à des employés de SWN, de la présence d'armes à feu, et de préoccupations pour la sécurité publique.

Si la police faisait l'effort de mettre en scène une attaque de ses propres ressources, il serait tout à fait logique de le faire avant un raid, justifiant ainsi le raid en question. Il est hautement improbable qu'elle chargerait un informateur de le faire après que le raid ait commencé, un raid déjà justifié par des préoccupations de « sécurité publique », etc.

En fait, l'incendie des six voitures de police semble être une réponse au raid. Mais des gens tentent de faiblir l'esprit combatif de nos Warriors en laissant entendre que tout acte de résistance combative est un complot de la police. Certaines de ces personnes sont des pacifistes, idéologiquement attaché.e.s aux actions non-violentes. D'autres sont des théoriciens et des théoriciennes du complot qui voient la main de « l'Illuminati » derrière tout acte de résistance.

Voici ce qu'un journaliste radical, un témoin oculaire présent lors du conflit du 17 octobre, a dit à propos des voitures de flics incendiées et des théories concernant qui les a brûlées :

« À toutes les personnes répandant des fausses informations à propos d'agents provocateurs à Elsipogtog, ouvrez grand vos oreilles. Les voitures de la GRC n'ont pas été brûlées par des agents provocateurs. Elles l'ont été dans l'expression de la rage d'une foule en colère écœurée de se faire piétiner par le gouvernement. Les gens ont éteint leurs caméras pendant que les voitures se faisaient incendier, pour ne pas incriminer des camarades, et ont accueilli à grands renforts de cris et d'applaudissements chaque nouvelle voiture qui s'enflammait. Des centaines de personnes ont été témoin de cela, alors laissez tomber la propagande et la dénonciation hâtive et levez vos verres à toutes les personnes courageuses qui ont mis leur vie en péril pour protéger votre eau, tabarnak! » – The Stimulator, le 18 octobre 2013

Lorsqu'on considère le bombardement par la GRC en 1999 d'une remise inutilisée dans le nord de l'Alberta, on ne devrait pas oublier qu'il y avait eu de nombreux actes de sabotage et attaques contre l'industrie pétrolière auparavant.

Toutes ces attaques étaient-elles le fruit des complots de la police? Très improbable. Ce fut à cause de son incapacité à arrêter ces attaques que la police a eu recours au bombardement afin d'introduire son informateur.

Par le passé, il relevait du bon sens de ne pas qualifier quelqu'un d'informateur sans preuve substantielle. Les affirmations extraordinaires exigent des preuves extraordinaires. Des informateurs et des infiltrateurs policiers ont été dénoncés dans le passé basé sur des preuves concrètes, à travers des transcriptions de témoignages utilisés en cour ou des communications interceptées avec la police, par exemple.

En ce moment, Harrison est utilisé comme bouc émissaire par des pacifistes et conspirationnistes qui s'opposent par principe à la résistance combative ou qui voient des complots gouvernementaux derrière tout événement spectaculaire.

Jusqu'à présent, nous n'avons aucune preuve qu'Harrison Friesen soit un informateur, ou que des agents provocateurs aient incendié les voitures de flics au Nouveau-Brunswick. Et jusqu'à ce que de telles preuves soient fournies, ceux et celles qui diffusent des allégations non-fondées devraient cesser de le faire.

Voir aussi :

“Countering Conspiracy Theories on Police Response to Black Bloc,” par Zig Zag

http://vancouver.mediacoop.ca/story/countering-conspiracy-theories-police-response-black-bloc/4094

Saboteurs: Wiebo Ludwig’s War Against Big Oil, par Andrew Nikiforuk, Macfarlane Walter et Ross, Toronto 2002

Le site web du Stimulator: http://www.submedia.tv/stimulator/

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