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"l’Archipel du goulag" version Poutine?

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Ou le retour des Zeks?

Dans une lettre ouverte publiée par le Guardian, Nadezhda Tolokonnikova, une des Pussy Riot, condamnée l’année passée à deux ans de travaux forcés pour "hooliganisme et blasphème", décrit ses conditions de détention au camp de travail pour femmes en Mordovie, le tableau qu’elle en dresse nous fait penser aux descriptions de ce qu’étaient les goulags du petit père des peuples…

Voici quelques unes des règles de détention en vigueur au camp n°6 :

"Afin de maintenir discipline et obéissance, il existe un système de punition officieux. [...] Les prisonnières perdent leurs "privilèges hygiéniques" – le droit de se laver et d’utiliser les toilettes –  et leurs "privilèges de restauration" – interdit de manger sa propre nourriture ou ses boissons". (l’obligation légale de fournir des protections périodiques aux détenues ne date que de 1999…)

 "Ma brigade travaille dans l’atelier entre 16 à 17 heures par jour. De 7 h 30 du matin jusqu’à minuit et demi. Au mieux, nous dormons quatre heures par nuit. Nous avons une journée de repos tous les mois et demi".

...entre 16 à 17 heures par jour. De 7 h 30 du matin jusqu'à minuit et demi!

Où ont voit que le système des "kapos" est toujours de mise sous toutes les latitudes…

"Certaines sont battues. Ils les frappent dans les reins, dans la figure. Les prisonnières elles-mêmes donnent les coups, aucune blessure n’a lieu sans le consentement ni l’approbation de l’administration. Il y a un an, avant que j’arrive, une Tzigane [...] a été battue à mort. L’administration a pu couvrir ce décès. La cause officielle de la mort est un "accident vasculaire cérébral". Dans une autre unité, une couturière qui n’avait plus la force de poursuivre a été déshabillée et forcée à coudre nue. On est surveillées de très près, y compris par les détenues faisant office d’agent et de mouchard auprès de l’administration et qui devront rendre compte de nos moindres faits et gestes»"

Outre les tortures et supplices corporels, Nadejda Tolokonnikova détaille des blocs insalubres, et un manque d’hygiène sciemment organisé par le pouvoir dans le but de briser… 

"Les conditions d’hygiène au sein du camp sont pensées pour faire sentir à chaque prisonnière qu’elle est un animal sale et dégoutant, privé de tout droit. Bien qu’il y ait des "pièces d’hygiène générales" dans les dortoirs, il y aussi une "salle d’hygiène générale" utilisé dans un but punitif. Cet endroit a une capacité de cinq personnes, mais les 800 prisonnières y sont envoyées pour se laver. Nous n’avons pas le droit de faire notre toilette dans nos dortoirs – ce serait trop facile."

Si aucune dénonciation n’a filtré, c’est parce que les prisonnières ont peur de leur propre ombre, la délation et la répression règne en maître, tous les moyens sont employés pour que les incriminations ne s’échappent pas du camp, et que les prisonnières soient réduites au silence.

"Les plaintes ne sortent pas de prison. La seule chance de voir une incrimination aboutir est de se plaindre via un proche ou un avocat. L’administration, mesquine et vengeuse, utilisera entre temps tous les mécanismes possibles pour mettre la pression sur la prisonnière, dont la plainte fera empirer les choses au lieu d’aider tout le monde. Ils pratiquent la punition collective : vous vous plaignez qu’il n’y ait pas d’eau chaude, ils coupent l’eau complètement. Les prisonnières ont peur de leur propre ombre. Elles sont complètement terrifiées".

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Dans l’espoir que les conditions de détention changent, Nadejda Tolokonnikova s’est tout de même plainte. Des réclamations qui lui ont valu, de recevoir des menaces de mort du directeur adjoint de la prison. Ce qui explique sa décision de commencer une grève de la faim.

"Je refuse de participer au travail d’esclave qui a cours dans ce camp. Je continuerai jusqu’à ce que l’administration respecte la loi et arrête de  traiter les femmes incarcérées comme du bétail, [...] jusqu’à ce qu’ils nous considèrent comme des humains".

L’administration carcérale russe a, – on s’en doute – rejeté ces accusations, et a clamé outrée,  qu’il s’agissait d’un "chantage" pour que la détenue soit affectée à un travail moins éprouvant… On en attendait pas moins de ces descendants de tchekistes!

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Mais qu’en est-il réellement des conditions de "détentions" dans ces goulags poutiniens?
 

Ces camps, hérités du Goulag, respectent les grands classiques, ensembles de bâtiments (administration, blocs des détenus, zone de travail forcé…) entourés de palissades, de barbelés et de miradors, souvent adossés à des villages. Des blocs de 100 à 120 femmes, en uniforme, avec leur nom sur la poitrine. Le système pénitentiaire russe prévoit un seul type de détention pour les femmes, le camp à régime ordinaire. La palette est beaucoup plus large pour les hommes : camp à régime ordinaire, à régime sévère, à régime spécial, et prison. Actuellement, 50-60.000 femmes sont détenues dans une quarantaine de camps en Russie.

Comme à la belle époque du goulag?

"Les journées se suivent et se ressemblent", raconte une ex-prisonnière. "On se lève à 5h15, gymnastique, ménage, petit-déjeuner, inspection, travail, inspection, déjeuner, travail, inspection, ménage…" Et cerise sur le gâteau, les prisonnières doivent porter la jupe par tous les temps...

Suite... sur Page de suie


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