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Atelier 3: Alliances et solidarité en cas de violence sexuelle dans son milieu de mobilisation

Journée de réflexion sur la violence sexuelle (dans les milieux de mobilisation)

by Média Recherche Action

Atelier 3: Alliances et solidarité en cas de violence sexuelle dans son milieu de mobilisation

Une journée de réflexion sur la violence sexuelle dans les milieux de mobilisation a eu lieu le 8 décembre 2012 dans le but d'organiser une discussion collective plus large.

Il s'agit de l'introduction de l'atelier 3: Alliances et solidarité en cas de violence sexuelle dans son milieu de mobilisation. Les discussions des caucus n'ont pas été enregistrées afin que les participantEs soient à l'aise de s'ouvrir sur un tel sujet qui est susceptible de les toucher ainsi que leurs proches et leurs amiEs.

Donné par :

Julie Larivière, intervenante dans un centre d'aide aux femmes violentées

Shanie Roy, étudiante et militante féministe

 

Pour lire le rapport complet de la journée, cliquer ici.

 

Pour écouter les enregistrements:

Atelier 1: La violence sexuelle et le consentement: partie un, partie deux;

Atelier 2: Les différents aspects légaux des agressions sexuelles: partie un, partie deux;

Atelier 4: Caucus non-mixte sur les moyens à utiliser maintenant

 

*     *     *

 

Atelier #3 : Alliances et solidarité en cas de violence sexuelle dans son milieu de mobilisation

Pourquoi dénoncer publiquement le cas d'une agression sexuelle ?

Dénoncer permet de mettre des mots sur la situation vécue tant pour les victimes que pour les alliéEs et les proches.

Dénoncer permet aux victimes de se sentir écoutée, comprise, crédible et soutenue

 

Rôle de l’alliéE :

 

Le rôle de l'alliéE n'est pas de juger ni de minimiser l'agression peu importe sa nature et son ampleur. Il faut rappeler qu'il n'existe pas de hiérarchisation des agressions sexuelles et que le seul baromètre de l'ampleur d'une agression est la réaction et les conséquences sur la victime. Chaque victime réagit différemment.

 

Le rôle de l'alliéE dans une situation d'accompagnement de victime est donc de :

  • Respecter ses propres limites. Il faut rester fortE. La victime ne doit pas sentir le poids de son malheur et ne doit pas sentir qu'elle doit aider quelqu'unE. Mais être à l'écoute de situation comme celle-là est difficile, il faut donc respecter ses limites et référer à d'autre aide si on ne se sent pas confortable.
  • Se renseigner sur les conséquences sur la victime, sur comment elle se sent et comment elle voit l'avenir.
  • Avant de poser un geste contre l'agresseur, il faut d'abord valider ses actions avec la personne concernée. Si elle demande de ne pas nommer publiquement l'agresseur, il faut la respectée. Dénoncer et nommer l'agresseur est le seul pouvoir véritable que la victime a sur son agresseur.

 

Attitudes à adopter pour être unE bonNE alliéE:

 

Voici certains constats et comportements ayant ressortis lors de la discussion qui visait à voir comment réagir lorsque dans nos proches ou dans nos milieux quand un cas d'agression sexuelle est dénoncé :

 

  • Ne pas porter de jugement
  • Ne pas trop parler et prendre de la place; il faut écouter la victime (!)
  • Laisser la personne dévoiler ce qu’elle ressent à son rythme et avec ses mots; ne pas forcer pour qu'elle se confie
  • Ne pas remettre en question ces allégations; si elle le dit c'est que c'est vrai
  • Ne pas banaliser, minimiser ou même dramatiser la situation vécue; il faut prendre la situation comme elle est ressentie par la personne qui dénonce.
  • Ne pas souligner les faiblesses de la victime ou lui expliquer « ce qu’elle aurait pu faire ou du faire »; lors de l'agression tout se passe vite, les réflexes sont donc plus difficile
  • Encourager les forces ou la détermination de la victime; lui rappeler que ce sera long mais qu'elle s'en sortira. Dé-victimiser sans dédramatiser.
  • Ne pas refuser de donner de l’aide ou nier qu’une personne a besoin d'aide en supposant que ça ne nous regarde pas.
  • Valider avec la personne si elle est bien entourée, si elle a des ressources à sa portée. Si non, lui en offrir, la référer à des personnes-ressources ou des organismes.
  • Éviter de culpabiliser la victime et effectuer un rappel constant quant à la responsabilité de l’agresseur dans la violence et non celle de victime.
  • Ne pas surprotéger la victime en analysant ses prises de décisions; elle est la seule personne sachant ce qui est bien pour elle. Pas de paternalisme.
  • Ne pas essayer de tourner la page tant que la victime ressent le besoin actuel d’en parler; le temps arrange les choses mais des fois c'est plus long que d'autre.

 

Au sein des milieux militants :

 

Le militantisme ou la mobilisation sur divers enjeux sociaux ne protège pas la société dans laquelle on évolue. La socialisation machiste ou patriarcale ou simplement violente sont des faits qui transcendent les milieux progressistes se revendiquant souvent (pro)féministes.

 

Dans le cas où une agression survient dans un milieu militant, nous nous sommes posé la question à savoir comment une agression perpétrée par un « camarade » devrait être dénoncée.

 

Discussion en groupes :

 

Des questions préalablement préparées par les conférencières ont été posées aux participantEs. Voici les questions ainsi que les réponses de ceux-ci/celles-ci.

 

Est-ce que vous remarqué qu’il y a un certain déni des violences sexuelles au sein des milieux militants ?

  • Le milieu n’empêche rien, la sensibilisation/conscientisation ne met pas automatiquement fin aux préjudices.
  • Il y a souvent une utilisation de discours rationnels ou «intelligents» pour faire comprendre aux femmes qu’elles n’ont pas vécu d’oppression.
  • L’auto-proclamation de certains hommes comme étant pro-féministes entre en contradiction avec leurs actions machistes.
  • Les mythes et stéréotypes sont effectivement reproduits dans ces milieux aussi (ex : « t’es féministe, alors pourquoi tu t’es pas défendue? »)
  • Il est faux de penser que le féminisme nous rallie et qu’ainsi nous partageons tous et toutes les mêmes intérêts. Les luttes féministes au sein des mouvements sociaux sont souvent considérées comme secondaires, ainsi certaines personnes peuvent militer « nonobstant » le féminisme.
  • Notre analyse et notre déconstruction des rapports de domination fait souvent en sorte que l’on extériorise et diabolise ces rapports, on perd de vue la quotidienneté des violences sexuelles.
  • La « coolness » du féminisme ou du pro-féminisme dans les mouvements sociaux rend l’essence un peu superflue. Se dire (pro)féminisme est à la mode mais en réalité il s'agit souvent de (pro)féminisme de façade.
  • Tendance des militants de gauche de s’en prendre au patriarcat de droite typique et d’essayer de « sauver les meubles » en sein des milieux partageant nos idéologies. « Le patriarcat de gauche c'est moins pire, voire ça n'existe pas. »
  • On se bat contre un patriarcat extérieur alors que nous sommes le patriarcat et nous propageons le patriarcat.

 

Est-ce que les agresseurs dans le milieu militant sont moins reconnus comme des agresseurs ou reçoivent-ils le même traitement que les agresseurs à l’extérieur ?

  • Prendre en considération que les militants, de façon individuel, ne sont pas indispensables. Ainsi, les agresseurs qu'ils soient militants ou pas devraient être considérés de la même manière, comme des agresseurs.
  • Il faut faire comprendre à la victime qu’elle ne doit pas se retenir de dénoncer pour ne pas nuire au militantisme. Souvent on n'ose pas dénoncer par peur de nuire au milieu,Parallèle entre notre fierté d’appartenir à une lutte et « salir» le milieu de militantisme avec les allégations. Il faut accepter l’imperfection et les failles du milieu et dénoncer pour améliorer.
  • Prévaloir les prises en charge collective aux mesures punitives du système judiciaire puisque souvent les agresseurs sont près de nous. Il est plus difficile de faire un processus judiciaire quand l'agresseur est dans notre milieu. Il vaut mieux (si la victime le veut et que ça ne la pénalise pas) gérer collectivement.
  • Faire attention de ne pas porter toute l’attention (positive ou négative) sur l’agresseur, qui est souvent plus connu. Il arrive en effet que les autres militants vont prendre pour acquis que la victime va être prise en charge par ses amies, alors il peut y avoir une déresponsabilisation du groupe envers celle-ci.
  • Hiérarchisation des agresseurs selon leur historique militant. Tendance à croire davantage les dénonciations envers les militants « low profile » que ceux plus actifs (les superstars militantEs), comme s’il y avait une tendance à protéger les dominants du milieu.
  • Différenciation entre certains agresseurs selon nos affinités et son rôle dans le milieu de mobilisation. Si un agresseur à un poste sur un exécutif ou est un bon élément de mobilisation, il est plus difficile de le dénoncer. Mais il faut le dénoncer quand même.
  • Idée de mettre en place de comités au sein des milieux militants comme recours pour les victimes.

 

Comment percevez-vous le processus judiciaire et les flics ? Comment ça influence l’aide qu’on peut apporter aux femmes désirant tout de même porter plainte de façon judiciaire ? Est-ce qu’on a tendance à considérer les femmes qui veulent faire recours au corps policier comme des collabos ?

  • Processus punitif moins intéressant, accent sur l’accès éducation, sur les structures d’aide qui peuvent être apportées.
  • Moyens pour aider la victime et l’agresseur dans une perspective de guérison et non de punition.
  • Se questionner sur les besoins de la victime avant d’agir. Est-ce qu’on impose notre aide et notre façon d’aider ? Comment respecter son auto-détermination?
  • Laisser la victime mettre des mots sur l’aide qu’elle désire recevoir et l’accompagner dans son cheminement. Si ça signifie une plainte pénale, qu’il en soit ainsi. Ne pas juger si une victime porte plainte à la police.
  • Sentiment de non confiance avec les institutions policières peuvent rendre le processus de plainte plus ardu et intimidant.
  • Accusation en bonne et du forme signifie toute fois que la société considère que tu as été victime de quelque chose de mal et que la personne accusée est coupable et que ce n’est pas tolérable collectivement. Forme de reconnaissance sociale du malaise vécu mais ça ne devrait pas être comme ça. La parole de la victime doit être entendue, crue et reconnue.
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